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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 14.djvu/715

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 mars.


Le programme que M. Rabier, M. F. Buisson, et, à leur suite, M. Combes avaient soumis à la Chambre a été suivi par elle de point en point. Toutes les congrégations religieuses, sans aucune exception, se sont vu refuser l’autorisation qu’elles lui avaient demandée. On a commencé par les congrégations enseignantes ; on est passé ensuite aux congrégations prédicantes ; on en est venu enfin aux congrégations « commerçantes. » La même lame de fond les a emportées ; et, si on s’y est pris en trois temps et trois mouvemens, il n’y a eu là qu’un artifice de procédure qui ne saurait tromper personne. Dans la pensée de la majorité, toutes les congrégations étaient condamnées d’avance ; il ne s’agissait que de les exécuter.

On était très pressé de le faire, et c’est pour cela qu’on a réduit toute l’opération à trois votes, alors que, si on s’était conformé à l’esprit et même au texte de la loi du 1er juillet 1901, il en aurait fallu cinquante-quatre, autant qu’il y avait de congrégations en cause. On s’est compté là-dessus, les uns voulant qu’on passât à la discussion des articles, les autres s’y opposant. Parmi les premiers, il convient de signaler spécialement M. Georges Leygues, membre de l’ancien ministère, dont l’intervention a été d’autant plus significative que tout le monde, à travers sa voix, a cru entendre comme un écho affaibli de celle de M. Waldeck-Rousseau. Déjà ce dernier avait fait connaître son opinion sur la manière dont il fallait appliquer une loi qu’il connaît mieux que personne puisqu’il en a été le principal auteur ; mais il avait parlé discrètement dans un bureau du Sénat ; c’est à la tribune de la Chambre que sa thèse devait être défendue. Il n’est pas téméraire de croire que M. Georges Leygues a été son porte-paroles.