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UN
CAS DE CONSCIENCE DIPLOMATIQUE
EN 1866

En 1866, Bismarck et Moltke étaient également d’avis que l’alliance de l’Italie leur était indispensable pour engager la guerre contre l’Autriche. Sans cette alliance, Bismarck n’eût pas réussi à entraîner son roi, assailli de tous les côtés de supplications pacifiques par sa mère, par sa femme, par son fils, par les petits princes allemands, même par les souverains étrangers ; sans cette alliance, Moltke se fût trouvé en nombre insuffisant devant les forces autrichiennes. Mais, en liant l’Italie à soi, Bismarck n’entendait pas se lier à elle, et le traité qu’il proposait aux Italiens était un traité sans réciprocité, qui les obligeait à commencer les hostilités sur l’initiative de la Prusse et n’obligeait pas la Prusse à suivre la leur.

La Marmora, le président du Conseil des ministres italien trouvait ce projet dangereux, inutilement compromettant. Avant de l’adopter, il voulut savoir ce qu’en pensait Napoléon III, « car, a-t-il écrit, quoi qu’on en ait dit après l’événement, si la France s’était montrée contraire, nous ne pouvions nous exposer à nous trouver en face d’une alliance austro-française[1]. » Il dépêcha à Paris Arese, l’ami personnel de l’Empereur, dont les offices étaient

  1. Un po più di luce, p. 80.