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IX

L’Empereur en règle, bien ou mal, avec tout le monde n’avait plus qu’à s’expliquer avec son peuple. Il le fit par une lettre publique à Drouyn de Lhuys (11 juin) :

« Si la Conférence avait lieu, votre langage, vous le savez, devait être explicite ; vous deviez déclarer, en mon nom, que je repousserais toute idée d’agrandissement territorial tant que l’équilibre européen ne serait pas rompu. En effet, nous ne pourrions songer à l’extension de nos frontières que si la carte de l’Europe venait à être modifiée au profit exclusif d’une grande puissance, et si les provinces limitrophes demandaient, par des vœux librement exprimés, leur annexion à la France. En dehors de ces circonstances, je crois plus digne de notre pays de préférer à des acquisitions de territoire le précieux avantage de vivre en bonne intelligence avec nos voisins, en respectant leur indépendance et leur nationalité. Animé de ces sentimens et n’ayant en vue que le maintien de la paix, j’avais fait appel à l’Angleterre et à la Russie pour adresser ensemble aux parties intéressées des paroles île conciliation. L’accord établi entre les puissances neutres restera à lui seul un gage de sécurité pour l’Europe. Elles avaient montré leur haute impartialité en prenant la résolution de restreindre les discussions de la conférence aux questions pendantes. Pour les résoudre, je croyais qu’il fallait les aborder franchement, les dégager du voile diplomatique qui les couvrait, et prendre en sérieuse considération les vœux légitimes des souverains et des peuples. Le conflit qui s’est élevé à trois causes : La situation géographique de la Prusse mal délimitée. Les vœux de l’Allemagne demandant une reconstitution politique plus conforme à ses besoins généraux. La nécessité pour l’Italie d’assurer son indépendance nationale.

« Les puissances neutres ne pouvaient vouloir s’immiscer dans les affaires intérieures des pays étrangers ; néanmoins les cours qui ont participé aux actes constitutifs de la Confédération germanique avaient le droit d’examiner si les changemens réclamés n’étaient pas de nature à compromettre l’ordre établi en Europe. » Nous aurions, en ce qui nous concerne, désiré pour les États secondaires de la Confédération une union plus intime, une organisation plus puissante, un rôle plus important. Pour la