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le pouvoir éclairant est supérieur à celui de toutes les autres matières employées pour l’éclairage : huile, pétrole, gaz ordinaire, lampes à incandescence. Si l’on songe qu’avant l’invention du four électrique, on ne pouvait obtenir ce gaz que très difficilement et en petites quantités, on juge combien le nouveau procédé de préparation devait éveiller d’espérances, On crut à l’imminence d’une révolution dans l’éclairage et, comme, autrefois, on avait eu la fièvre de l’or, on eut la folie du carbure : les capitaux affluèrent par millions, des usines furent montées de tous côtés. Personne n’osait prévoir la surproduction ! Elle arriva, cependant, et d’autant plus vite que l’acétylène perdit un peu à être connu. N’importe, pour l’éclairage des wagons, des tramways, gares, etc., il est presque sans rival, et il est possible que, plus tard, on l’applique au chauffage et à la production de la force motrice.

N’aura-t-on plus rien, à ce moment, à attendre de lui ? Non, et en voici la raison :

On est en droit de se demander par quoi, le jour où l’emploi de l’énergie électrique produite par les forces motrices naturelles aura fait disparaître les usines à gaz et les fours à coke, l’industrie chimique remplacera le goudron de houille, que ces usines et ces fours produisaient en si grande abondance, et dont elle lire, on le sait, presque toutes ses matières premières organiques. Il n’y a à ce sujet, dit M. Berthelot, aucune espèce d’inquiétude à avoir : avant même qu’elle se pose, la question, grâce aux progrès de la synthèse, est résolue. Avec du carbure de calcium et de l’eau, on fera de l’acétylène ; avec l’acétylène, de la benzine, du toluène, de la naphtaline, de l’anthracène, etc., bref la série des carbures dits aromatiques. Ce n’est pas tout : avec de l’acétylène, on pourra faire aussi de l’alcool, de l’acide acétique, de l’acide oxalique, etc. Ce sont là des réactions très faciles à réaliser et de l’ordre de celles qui passent chaque jour du laboratoire des savans dans l’usine des praticiens.

Pour fixer les idées à cet égard, prenons pour exemple la fabrication synthétique de l’alcool, fabrication dont le principe est incontestablement dû au chimiste éminent que nous venons de citer.

En chauffant l’acétylène avec de l’hydrogène, on le transforme en éthylène (bicarbure d’hydrogène) ; en mettant en contact cet éthylène avec de l’acide sulfurique concentré et agitant