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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 14.djvu/87

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avons à peine à l’étranger une école laïque non confessionnelle. Toutes les écoles fondées par l’esprit de propagande ou de solidarité religieuse ne sont pas, il est vrai, catholiques ou congréganistes. Et, comme ici nous nous plaçons au-dessus ou en dehors de tout intérêt confessionnel, nous rendons volontiers hommage aux missions protestantes et aux écoles israélites qui, pour l’expansion de notre langue, rivalisent de zèle avec nos missions catholiques. L’Alliance Israélite universelle, notamment, rend à la langue française, dans l’Europe orientale, en Asie, en Afrique, sur tout le pourtour de la Méditerranée, des services dont notre patriotisme doit lui savoir gré, et que l’esprit de secte peut seul méconnaître. Fermer les écoles de France où l’Alliance Israélite forme ses instituteurs et ses institutrices, où elle prépare à leur future mission des jeunes gens et des jeunes filles réunis de toutes les contrées de l’Orient pour apprendre notre langue et nos méthodes, serait couper, de nos mains, une des branches maîtresses de l’enseignement du français en Orient. Mais quels que soient ses services et ses mérites, l’Alliance Israélite ne possède guère, en Égypte, en Syrie, en Asie Mineure, en Turquie d’Europe, dans les pays balkaniques, qu’une centaine d’écoles (112, si je ne me trompe), alors que, dans les mêmes pays, les congrégations françaises en possèdent dix fois autant. Et, tandis que les écoles de l’Alliance Israélite ne sont d’habitude fréquentées que par des israélites, nos écoles congréganistes sont d’ordinaire ouvertes aux enfans de toutes races et de toutes confessions, si bien que, fort souvent, les grecs orthodoxes, les musulmans, les juifs, les païens y sont beaucoup plus nombreux que les catholiques.

La plupart de ces religieux s’abstiennent de tout prosélytisme dans leurs écoles, aussi bien que dans leurs dispensaires, et, loin d’être, à leur égard, une cause de défiance, leur costume ecclésiastique inspire, aux indigènes de toute religion, un respect qu’ils n’éprouvent point toujours pour les laïques. Cela est particulièrement vrai de la Babel orientale des rivages asiatiques de la Méditerranée. Nos religieux y sont partout des missionnaires de notre langue ; si, des bouches du Nil aux Dardanelles et au Bosphore, le français l’emporte sur tous ses concurrens, anciens ou nouveaux, sur l’anglais, sur l’allemand, sur l’italien, sur le russe, l’honneur en revient, avant tout, à ces Pères, à ces Frères, à ces Sœurs, odieusement vilipendés par une presse haineuse. Et