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difficultés de toutes sortes au milieu desquelles l’administration s’est débattue pendant de longues années, pour arriver à un résultat qui, dans l’ensemble, fait le plus grand honneur au pays. Ce que nous voudrions indiquer sommairement, c’est la tâche encore énorme qui reste à accomplir pour la colonisation libre et la colonisation officielle.

Les terrains domaniaux, qui ont été pendant longtemps la grande ressource du gouvernement général, sont aujourd’hui très réduits. Ce qui en subsiste peut assez rarement occuper une étendue suffisante pour qu’on puisse y créer des centres nouveaux ; en revanche, l’administration conserve une multitude de parcelles inutilisables et disséminées dans toute la colonie. Le moment serait venu de procéder à une sorte de liquidation de tout cet actif immobilier, plus considérable en apparence qu’en réalité. Soit par des ventes, soit par des échanges, on pourrait en tirer quelque parti, surtout si le produit des mesures prises était spécialement affecté à une Caisse de la colonisation. Ce serait là une institution excellente et destinée à suppléer dans une certaine mesure à l’insuffisance des crédits budgétaires, qui dépassent à peine deux millions par an. Malheureusement, tout se paie en ce monde, et surtout une mauvaise administration. Lorsqu’il y a quelques années, un gouverneur général, convaincu des avantages évidens d’une telle caisse, en proposa la création, ses projets furent rejetés dédaigneusement par le gouvernement métropolitain, qui connaît de longue date les abus auxquels ont donné lieu les caisses spéciales en Algérie. On peut dire que, dans cette question, les deux parties avaient à la fois tort et raison. L’une voyait le but à atteindre, l’autre discernait le gaspillage certain : elles ne se sont pas préoccupées de rechercher de concert les moyens pratiques de réprimer les abus. De là l’avortement d’un projet intéressant à tant d’égards.

La colonisation officielle est donc aujourd’hui sur le point de manquer de terrain. Doit-elle pour cela disparaître ? Nous ne le pensons pas. L’intérêt de notre domination en Algérie exige que nous constituions des centres sur certains points stratégiques ainsi que le long des principales voies ferrées, et l’augmentation toujours croissante de la population indigène nous impose le devoir de chercher par tous les moyens à attirer des colons européens dans la colonie. Il faut donc arriver, puisque nous n’avons pas su restreindre les indigènes dans de justes