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donnez de votre prochain retour à Saint-Cloud… Je compte rester ici quelques jours encore, si vous le trouvez hon : j’ai, en effet, formé le projet d’aller passer une huitaine à Bade…, mais tout est subordonné à vos convenances ; vous me connaissez assez pour savoir que j’accourrais sans regret et sans retard si vous aviez besoin de moi, et j’ai la confiance que vous me l’écririez franchement. Je ne vois guère que le cours de M. Rossi qui me rappelle rigoureusement à Paris cette semaine ; mais j’écris à M. De Latour, afin que, s’il vous plaît de reprendre ce cours samedi prochain, il ait la complaisance d’y assister pour prendre des notes et que le cours de mes rédactions ne soit pas interrompu. Si vous remettez M. Rossi à la semaine suivante, j’arriverai à temps pour faire mon office. J’ai écrit à Barbier pour l’informer de mon projet, et, si vous aviez quelques avis à me donner, il sait, à un jour près, où il faut m’envoyer mes lettres ; il vous suffirait donc de les faire remettre à votre secrétariat.

M. Cousin a eu raison de vous dire que le souvenir de vos succès universitaires avait été bien accueilli au concours, mais il aurait dû vous dire que votre présence y eût fait grand bien. Non que je vous reproche d’y avoir manqué ; je crois même qu’un sentiment de modestie très louable imposait cette réserve au jeune combattant de Teniah. Toutefois il importe que ni les établissemens d’instruction publique, ni les corps savans, ni les académies, ne soient en dehors de votre action. L’intelligence est libre, en France ; mais elle doit être réglée, disciplinée ; l’action des lois n’y suffit pas, il y faut la vôtre. Montrez de la sympathie aux gens d’esprit, ils vous aimeront, et vous avez besoin de leur dévouement, non pas pour vous, mais au profit des intérêts qui reposent sur vous.

Adieu, mon cher Prince, je vous félicite des bonnes dispositions que vous continuez à montrer pour la reprise de vos études. Selon toute apparence, vous pourrez en suivre le cours sans interruption, jusqu’au printemps prochain. Il n’est pas probable que vous soyez envoyé en Afrique, exposé à être bloqué dans quelque port de la Régence, lorsque à chaque instant la défense du territoire ou le soin de quelque vengeance légitime peut vous appeler sur la frontière. Vous resterez donc à Paris, et, si préoccupé que vous puissiez être par les événemens du dehors, vous mettrez à profit ce temps précieux. Vous avez une grande facilité d’esprit ; six mois vaudront, pour vous, comme