nous sommes encore ici l’élément de progrès, de culture, nous représentons le drapeau et l’Empire, nous incarnons le loyalisme au cœur de l’Ile Rebelle. C’est nous qui avons vaincu le home rule, c’est de nous que dépend l’avenir de l’Union : comme les loyalistes de l’Afrique du Sud, nous avons droit à la reconnaissance et à l’appui de l’Angleterre. — Or, l’Angleterre nous a dépouillés de nos droits ; elle nous fait expier les crimes des fenians, et, en voulant tuer le nationalisme en douceur, c’est l’unionisme qu’elle frappe à mort. Est-ce notre faute si nous sommes une minorité, une minorité loyale, et est-ce une raison pour nous sacrifier à la majorité déloyale ? Concessions et conciliation, c’est trahison et lâcheté. Si la persécution dure, la « garnison, » — nous sommes fiers encore de ce nom, — n’a plus qu’à lâcher pied ou à passer à l’ennemi. Prenez garde, un jour viendra où l’Angleterre aura besoin de nous pour une nouvelle bataille à livrer contre les rebelles : Dieu veuille qu’elle nous trouve encore là, ni trop découragés, ni trop affaiblis pour défendre une fois de plus la cause de l’Union et de l’Empire ! »
Ainsi protestent, par plaintes et menaces, ceux qui se nomment les loyalistes, et notamment une petite coterie de tories réactionnaires, ultra-anglicans et anti-irlandais : grands et riches landlords, tout-puissans au club de Kildare street à Dublin comme à la maison voisine, à ce comité des propriétaires fonciers qui a nom Landowners Convention ; bourgeois aisés, industriels anoblis, professeurs de Trinity College, qui dirigent l’Irisch Unionist Alliance. Depuis trois ou quatre ans, ils appellent la « garnison » aux armes, ils font la guerre au gouvernement qu’ils sont censés soutenir, à sa politique de réforme et de réparation envers l’Irlande, tout en réclamant sans cesse des compensations pour leurs privilèges perdus. Aux élections générales de 1900, ils font échouer à Dublin l’un des hommes qui dans le parti unioniste ont le plus fait pour le bien de l’Irlande, M. Horace Plunkett, qu’ils accusent de complaisance envers le nationalisme. Après les élections, ils forcent lord Salisbury à rappeler de Dublin M. Gerald Balfour, alors secrétaire en chef, et, dès la nomination de son successeur, M. George Wyndham, ils se mettent en mesure de prendre barre sur lui, bataillent un an pour obtenir l’application du souverain remède, la coercition ; après quoi, ils réclament la dissolution de la Ligue et la poursuite de ses chefs en justice. En attendant, sous prétexte de