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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 15.djvu/578

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22 juin 1846.

Mon cher Prince,

… On nous dit que vous revenez bientôt et que le Roi vous rappelle. Je désire que ce vœu du Roi soit exaucé sans qu’il en résulte aucune contrariété pour vous, et aucun changement sérieux dans vos plans, qui me paraissent compléter admirablement votre utile voyage. Tout le monde ici a rendu justice aux intentions qui l’ont inspiré et qui l’ont fait réussir au-delà de toute espérance, car vous aviez affaire à des difficultés de toute sorte, et, malgré tout, vous avez été utile et vous avez parfaitement occupé votre place. Vous rapporterez de cette épreuve de bons souvenirs, celui d’un noble emploi de vos loisirs de prince pendant plusieurs mois d’une année que vous avez bien le droit de venir achever, maintenant, dans les joies de la famille, de la paternité, et de la propriété. Ces joies vous attendent ; vous les trouverez, Dieu merci, complètes. Vous en jouirez d’autant plus que vous avez dû vous imposer des privations pour remplir votre devoir. Adieu, mon cher Prince, je n’aime pas à vous flatter, mais j’aime à vous redire la justice qu’on vous rend…


Pau, 8 septembre 1846.

Je vais faire connaître à Alfred de Wailly[1] le souvenir que vous avez gardé à ce cher collège, et les félicitations affectueuses que vous lui adressez par mon entremise ; il en sera vivement touché. Conservez toujours ces bons sentimens, ils vous font honneur. C’est d’ailleurs, de votre part, une dette de reconnaissance. L’éducation universitaire, que, seul, vous avez eue complète, a été un bienfait pour vous ; elle vous rend prêt pour toutes les circonstances par lesquelles votre vie peut être éprouvée. C’est cette admirable disponibilité de votre intelligence qui est votre force pour l’avenir, et qui vous permet aujourd’hui de vivre heureux et tranquille, comme vous voulez bien me l’écrire, en attendant le jour où il faudra payer de sa personne, esprit et corps, science et courage, prévoyance et activité ; vous serez prêt pour ce moment-là, s’il arrive. Vous avez donc le droit de profiter de ces jours de bonheur rapide que le sort dispense aux princes ; mais soyez sûr que votre sécurité présente tient

  1. M. De Wailly était le proviseur du collège Henri IV.