aussi bien, chez vous, à la conscience que vous avez d’avoir utilement employé votre première jeunesse qu’à la confiance où vous êtes que l’avenir ne vous trouvera ni dépourvu, ni impuissant. C’est là ce qu’il y a de sérieux dans ces souvenirs de collège que vous rappelez, et où je reconnais cependant que votre cœur a mis plus d’abandon que de calcul…
Paris, 1er avril 1854.
Merci, mon cher Prince, de tout ce que vous m’écrivez au sujet de mon accident… Mais en voilà bien assez ; parlons de vous. Oh ! qu’il fait triste de penser à tout ce que vous devez souffrir de ce grand mouvement militaire qui se prépare dans notre pays, et dont vous ne serez que spectateur, et encore, à distance ! Certes l’exil n’a pas eu pour vous une plus cruelle épreuve que de condamner au repos cette épée dont vous avez fait un si noble usage, et de vous tenir loin de vos frères d’armes au moment où ils vont courir tant de dangers. C’est être exilé deux fois, et ce second exil, qui vous interdit le danger, vous est plus pénible cent fois, j’en suis sûr, que celui qui vous a enlevé vos honneurs et vos privilèges comme prince français. C’est là, du reste, une réflexion que tout le monde fait en pensant à vous, même ceux qui servent le gouvernement. Je ne fais donc que traduire le sentiment de tous, mais j’y joins l’expression bien légitime, je crois, d’une sympathie toute particulière ; et puis, ne sais-je pas mieux que bien du monde, à quel point vous êtes plus Français que Prince !
6 avril 1834.
… L’article qui vous a plu, dans les Débats, sur la guerre qui commence (quand finira-t-elle ? ) était de Saint-Marc Girardin, signé par de Sacy. L’inspiration était de nous tous, car il n’y a pas un Russe, Dieu merci ! parmi nous, et nous appuierons le gouvernement de l’Empereur de tous nos faibles moyens contre l’étranger. Cette politique a un double mérite, ou, pour mieux dire, un double avantage ; elle est bien française, et bien orléaniste, n’est-ce pas ?…
Twickenham, 9 avril 1854.
… Oui, vous me jugez bien ; quand l’honneur de la France est engagé, tous mes vœux sont avec son drapeau, quelle que soit