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Orléans House, 6 janvier 1855.

Je vous ai déjà souhaité une fois la bonne année, mon cher ami, mais je recommence avec plaisir en vous remerciant de votre dernière lettre ; je ne saurais vous dire trop souvent combien je forme de vœux pour votre bonheur et celui de tous les vôtres.

Nous avions deux petites affaires en retard ; en voici la solution… Maintenant, je vous quitte, pour veiller aux apprêts d’un festin que je donne ce soir : nous tirons les Rois en famille. C’est bien bon ; mais j’aimerais mieux quelques galettes de biscuit en Crimée que toutes les friandises de mon cuisinier…

H. O


Paris, 9 janvier 1855.

Mon cher Prince,

Vous recevrez par le même courrier cette lettre autographe de Mme de Sévigné qui a fait, grâce à la permission que vous m’aviez donnée d’en entretenir le public, pas mal de bruit ici. « Je suis fort honoré, quoiqu’un peu confus, me dites-vous, de la manière dont vous m’y avez fait intervenir. » Qu’est-ce à dire ? Me le reprochez-vous ? Me trouvez-vous indiscret ? Ou seulement, est-ce votre modestie qui a souffert de voir imprimées toutes vives quelques lignes d’un excellent ton ? Passez-moi le plaisir que j’ai toujours à parler de vous et des vôtres dans la mesure où je le puis. Il ne faut pas laisser oublier ses amis, même quand leur résignation semble y donner la main. « Je suis décidé à n’être pas mort, » disait récemment M. Guizot, à propos d’une citation qu’on avait faite de son discours à l’Académie des sciences morales, et qui avait fait aussi quelque bruit. Cette agitation toute littéraire, tout honnête, ces ressouvenirs d’une grande époque dans l’histoire du gouvernement constitutionnel, il ne faut pas craindre d’y coopérer, avec la mesure et le respect de la paix publique, qui est ce qui nous distingue des agitateurs et des démagogues. Vivre par la pensée et par l’esprit, et par ces convictions fidèles et persévérantes, c’est là ce qu’il n’est plus au pouvoir de personne d’empêcher en France. Tout le monde est soumis ; personne ne proteste : que veut-on de plus ?

Adieu, on est très préoccupé ici de la santé du Prince de Joinville et du voyage de Chomel à Claremont. Mais votre dîner