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cheval et les grenadiers ont paru magnifiques ; les voltigeurs, un peu jaunes ; l’ensemble, pas assez simple…


Twickenham, 18 octobre 1854.

… Je trouve tout naturel que MM. Thiers et Cousin trouvent à redire aux opérations en Crimée ; moi aussi, j’aurais bien mes critiques à faire ; mais, dans ma situation, je trouve de meilleur goût de les garder pour moi. Et puis, quand on a connu le poids de la responsabilité, on devient indulgent pour ceux qui le portent. Si vous revoyez Thiers, demandez-lui de vous parler en détail sur ce qui s’est fait et se fait en Crimée ; prenez des notes, et envoyez-les-moi ; demandez-lui cela de ma part, je suis curieux de connaître son opinion. Nous avons soif de détails, et nous n’en avons pas, au moins sur l’armée française ; car les Anglais s’en donnent, de nous conter les prouesses de leurs soldats. Mais, chez nous, il n’en est pas ainsi… Les difficultés sont grandes en Crimée ; l’armée alliée y fait face avec la plus admirable valeur ; je continue à croire au succès de l’entreprise, mais il sera payé cher. On aurait dû songer un peu plus tôt à pourvoir et à renforcer convenablement cette armée qui fait des prodiges… En voilà assez, mon cœur s’aigrit, tant je souffre de ne pas être au milieu de tous ces braves gens…

H. O.


Paris, 25 décembre 1854.

On est fort dans l’attente, ici, du discours d’ouverture de demain ; l’emprunt de cinq cents millions par voie de souscription nationale paraît décidé, et, il y a quelques jours, M. Collet-Meygret ayant fait appeler Edouard Bertin pour lui donner un avis officieux à propos d’une phrase un peu vive d’Alloury qui précédait l’insertion d’un discours de M. Guizot, il ne lui a pas dissimulé que le gouvernement ne comptait plus beaucoup sur la paix, quoiqu’il continuât de la désirer ardemment, et qu’il espérait bien que tous les journaux se joindraient à lui pour entretenir les bons sentimens du pays contre les ennemis du drapeau français. M. Bertin lui a naturellement répondu que, sur ce point-là, il avait prêché un converti. Cela est vrai : devant l’étranger, nous sommes tous du même parti…