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LE PROCÈS DE SORCELLERIE
DU
MARÉCHAL DE LUXEMBOURG

II.[1]
LE PROCÈS


VI

La nouvelle de l’arrestation s’était répandue dans Paris avec une vitesse foudroyante. Le jour même, à dix heures du soir, Mme de Sévigné dépêchait vers sa fille pour lui mander l’incroyable événement : « Quand il y a des grandes nouvelles, il faut les écrire… M. De Luxembourg s’est mis volontairement à la Bastille, et se croit assez innocent pour prendre ce ton. On parle de Mme de Tingry et de plusieurs autres encore ; mais c’est un chaos[2]… » Condé, dans sa retraite de Chantilly, est instruit le lendemain matin par un message de M. De Ricous, le dévoué serviteur de la maison de Luxembourg. Il y répond séance tenante ; le ton un peu réservé de sa lettre le révèle incertain des vrais motifs de cette disgrâce : « J’ai vu[3], par votre lettre d’aujourd’hui, ce que vous me mandez au sujet de M. De Luxembourg. Vous ne devez pas douter que j’aie un sensible déplaisir de son malheur… Ne laissez pas de témoigner combien je suis

  1. Voyez la Revue du 15 mai.
  2. Lettre du 24 janvier 1680. Édition Monmerqué.
  3. Condé à Ricous, 25 janv. Archives de Chantilly.