métallurgie, en général, emploie peu de jeunes gens ; et, d’autre, part, chaque ouvrier y demeure, tant qu’il le veut ou qu’il le peut, sans jamais sortir de sa catégorie ou spécialité. Il n’y a donc point entre les catégories ou spécialités de répartition par âge voulue et délibérée, mais seulement cette répartition naturelle et automatique que le temps opère lui-même.
Voici l’usine que nous avons désignée sous le nom d’usine A. On y comptait, au mois d’octobre 1902, 1 704 ouvriers qui, par âge, de la jeunesse à la vieillesse, et il serait à peine excessif de dire d’un extrême à l’autre extrême, de quinze à quatre-vingts ans, se répartissaient ainsi :
15 à 20 | 183 |
20 à 25 | 155 |
25 à 30 | 295 |
30 à 35 | 241 |
35 à 40 | 224 |
40 à 45 | 225 |
45 à 50 | 136 |
50 à 55 | 98 |
55 à 60 | 75 |
60 à 65 | 47 |
65 à 70 | 15 |
70 à 75 | 7 |
75 à 80 | 3 |
Et voici ce que disent ces chiffres, en prenant pour point de départ le premier nombre, celui des ouvriers âgés de quinze à vingt ans, qui représente l’apport de l’élément nouveau, l’appoint de la génération nouvelle. Entre vingt et vingt-cinq ans, l’obligation du service militaire abaisse ce nombre, comme il est dans l’ordre ; et si elle ne l’abaisse pas davantage, c’est que, sans tenir compte des exemptions, dispenses ou ajournemens, au-delà de vingt ans et presque de vingt à vingt et un ans, entre la conscription et l’incorporation, il y a un intervalle, un délai ; il y a une marge qui ne reste pas inoccupée ; c’est aussi qu’après vingt-trois ans ou vers vingt-quatre ans, et en tout cas de vingt-quatre à vingt-cinq ans, lorsqu’un contingent quitte l’usine, un autre, une partie d’un autre y est rentrée, et ce qui doit revenir est revenu. De vingt-cinq à trente ans, la ligne monte rapidement, la courbe s’élance comme en fusée et atteint son point le plus haut ; elle redescend, elle s’infléchit un peu de trente à trente-cinq ans ; encore un peu de trente-cinq à quarante ; elle s’aplanit là, semble prendre son niveau et le garder de quarante à quarante-cinq ans ; puis brusquement, et par bonds, qui de cinq ans en cinq ans diminuent chaque fois environ de moitié les chiffres correspondant à cinquante, à cinquante-cinq, à soixante, à soixante-cinq, à soixante-dix, à soixante-quinze, à quatre-vingts ans, en sept étapes revient toucher terre aux approches de zéro.