toxiques alcool et essence sur le sang, sur les tissus ou sur les organes de l’économie. Ils savent, d’autre part, qu’en injectant dans les vaisseaux une substance telle que l’alcool ou l’absinthe, qui ne subit pas d’altération digestive ou autre dans l’intestin, ils ne font que lui épargner un détour, des retards ou des pertes, puisque, en définitive, il est dans la destinée des substances absorbables, d’entrer tôt ou tard dans le sang. On ne fait donc pas autre chose que d’abréger les délais, de supprimer les pertes, de rendre le développement des phénomènes plus sûr, plus rapide, plus violent et par-là, plus saisissant et plus intelligible : mais, on n’en altère point la nature. C’est simplement une image que l’on grossit pour la mieux voir.
On peut cependant adresser à ce mode de recherche un reproche plus fondé. L’effet que l’on manifeste, dans ces expériences de laboratoire, c’est l’action immédiate d’une dose plus ou moins forte d’alcool ou d’absinthe faisant irruption dans l’organisme. Or, ce n’est pas cet effet-là qui nous intéresse le plus, dans le cas de l’homme, parce qu’en effet il ne risque point de nous échapper. Il nous est facile d’observer la scène rapide de l’ivresse produite par l’absinthe. Il est plus difficile et cependant plus essentiel de connaître le désordre à lointaine échéance produit par l’absorption quotidienne de la liqueur à doses modérées. Or, le premier phénomène ne nous renseigne pas sur le second, Il faudra donc recourir à des expériences instituées autrement ou à l’observation clinique pour être éclairé sur ce qui nous importe, c’est-à-dire sur l’empoisonnement lent, chronique, insidieux, produit par l’habitude des spiritueux.
Les faits d’ingestion de grandes quantités d’alcool ou d’absinthe sont rares. Ils sont généralement suivis de mort. Un fort de la halle vide d’un seul trait une demi-bouteille d’eau-de-vie et meurt en une demi-heure. Le charretier dont Briand raconte l’histoire gage d’avaler deux bouteilles d’alcool en moins de deux heures, il meurt au dernier verre. — Ce sont là des cas exceptionnels. Au contraire, la consommation à doses petites et répétées est le cas général, et il importe au médecin et à l’hygiéniste de connaître les effets lents de cette habitude commune. Nous avons dit que ceux-ci ne peuvent pas se déduire de ceux-là : les deux ordres de faits sont sans relation nécessaire. Il arrive même qu’ils soient contradictoires : les exemples abondent. Le furfurol, pour ne citer que ce cas, produit une intoxication ai eue