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UNE INDUSTRIE NOUVELLE

LE TOURISME EN SUISSE ET EN FRANCE[1]

Le 31 octobre 1899, le consul des États-Unis à Genève, M. Ridgely, écrivait à son gouvernement les lignes suivantes : « On estime que, depuis le 1er janvier 1899 jusqu’à la date présente, au moins deux millions cinq cent mille voyageurs ont visité la Suisse et que chacun d’eux a laissé dans le pays un bénéfice de quatre-vingts francs, soit un total de deux cent millions de francs. Comme la population de la Suisse est seulement de 2 933 300 habitans, il n’est pas difficile d’apprécier la signification de ces chiffres. La richesse par tête, en Suisse, a été estimée jusqu’ici à 72 fr. 50 ; l’afflux de monnaie dont il a été parlé plus haut la relève immédiatement à 152 fr. 50, c’est-à-dire, d’une des contrées les plus pauvres, fait une des contrées les plus riches. »

Cette citation résume d’une façon saisissante les avantages matériels que la Suisse doit à l’intelligente mise en valeur de ses beautés naturelles. Le sol, dans la plus grande partie du territoire, y était ou pauvre ou inutilisable. Dans l’impossibilité de lui faire rendre de forts revenus agricoles, les Suisses ont su en tirer parti en fondant une industrie inconnue avant le XIXe siècle, l’industrie hôtelière, — c’est le nom qu’elle porte chez eux,

  1. Ouvrages consultés : — G. Peyer, Geschichte des Reisensin der Schweiz, Bâle, 1885, in-8o. — Coolidge, Swiss tIravel and Swiss Guide-Books, Londres, 1889, in-8o. — Ebel, Manuel du voyageur en Suisse, 3e édition, Zurich, Paris et Genève, 1818, 3 vol. in-88. — Éditions successives des guides Joanne, Baedeker et Murray. — Rapports annuels et publications de la Société suisse des hôteliers. — Revue du Touring-Club de France, etc.