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délivrance des Légations. L’offre fut acceptée avec reconnaissance et des détache mens de ces contingens marchèrent et cantonnèrent, pendant plusieurs jours, au milieu des troupes françaises.

Comme conséquence de ce rapprochement, les relations entretenues entre le contingent français et les contingens de la Triple-Alliance devinrent aussi cordiales que pouvaient le comporter les sentimens dont la France elle-même était animée à l’égard de chacune de ces nations : franchement sympathiques vis-à-vis des Autrichiens et des Italiens, ces rapports conservèrent, en général, — non, cependant, de la part des soldats, qui, en certaines occurrences, et pour des raisons particulières, surtout après l’évacuation du Pé-tchi-li par la plus grande partie des Russes, allèrent jusqu’à des manifestations de fraternelle camaraderie, — mais de la part du plus grand nombre des officiers, une certaine réserve qui n’excluait ni les actes de courtoisie réciproque ni même un empressement à se rendre de mutuels services lorsque l’occasion s’en présentait. C’est ainsi que, dans cette circonstance encore, comme d’ailleurs toutes les fois qu’il s’est agi de donner des preuves, vis-à-vis des alliés, de cette solidarité qui était le premier des devoirs dans l’œuvre commune entreprise par les Puissances, le corps français, tout en restant fidèle au sentiment national qui garde le souvenir du passé et ne sacrifie rien de ses espérances d’avenir, a pleinement conscience de n’avoir jamais manqué aux traditions de loyauté et de générosité dont s’est toujours glorifié notre pays, et peut attendre, sur ce point notamment, en toute confiance, le jugement de ses frères d’armes des armées alliées du Pé-tchi-li.


GENERAL HENRI FREY.