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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 16.djvu/474

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




12 juillet.


Au moment où nous écrivons, la santé du Pape inspire les plus vives inquiétudes. Depuis plusieurs jours, on croit chaque matin que Léon XIII ne passera pas la journée : son grand âge et la gravité de sa maladie ne laissent qu’une faible espérance de guérison. Il y a des oscillations continuelles entre la vie et la mort, et le Pape semble pencher toujours davantage du dernier côté. Puis son tempérament reprend le dessus et le malade retrouve des forces inespérées. Il est malheureusement à craindre qu’il ne se relève pas d’une secousse aussi forte. Cependant cela n’est pas certain ; aucun organe essentiel n’est atteint chez lui ; peut-être renouvellera-t-il avec la vie un bail plus ou moins durable. Nous ne saurions trop vivement le souhaiter, car sa mort qui sera toujours, lorsqu’elle se produira, un événement très grave, le serait encore plus encore pour nous à un moment où nos affaires sont entre les mains d’un gouvernement dénué de toute intelligence politique. Mais les vœux que nous pouvons former à cet égard sont absolument vains. La vie et la mort du Pape dépendent de la Providence. S’il y a encore aujourd’hui une lueur d’espoir, elle vient seulement de ce qu’on a beaucoup désespéré.

En tout cas, on a pu mesurer, d’après l’émotion qui a été ressentie partout, la place considérable, immense, que la papauté remplit toujours dans le monde. La personne de son représentant a été sans doute pour quelque chose dans ce sentiment. Léon XIII, par ses qualités propres, est peut-être l’homme de son temps qui a excité l’admiration au plus haut degré. Depuis vingt-cinq ans qu’il occupe la chaire de Saint-Pierre, personne n’a agi plus fortement sur l’esprit ou sur l’imagination de ses contemporains. Ses paroles ont retenti dans