faut souhaiter que ce bon voisinage s’étende à toutes les parties du monde où nous rencontrons l’Angleterre occupée, comme nous-mêmes, à une œuvre de progrès et de civilisation.
En recevant et en fêtant M. Loubet comme ils l’ont fait, c’est la France elle-même que nos voisins ont voulu recevoir et fêter. M. Loubet, à son tour, dans les toasts et les discours qu’il a prononcés, a parlé au nom de la France dont il a fort bien exprimé les sentimens. Ce qu’il a dit, tous les Français le pensent. Nous sommes heureux que le roi et lui aient provoqué ces belles et utiles manifestations, dont il restera certainement mieux encore qu’un souvenir dans l’âme rassérénée des deux nations.
Il s’est produit depuis quelque temps en Europe, et il se produit encore en ce moment à Athènes des crises ministérielles, dont quelques-unes ont une assez grande gravité. Nous ne parlons pas de celle qui a eu lieu en Italie : à la satisfaction générale, elle a été, nous n’osons pas dire dénouée, mais ajournée. M. Zanardelli, ayant perdu deux de ses ministres qui ont donné leur démission, a donné aussi la sienne et celle de tout le cabinet ; mais, le roi l’ayant prié de les reprendre, il y a consenti d’autant plus volontiers qu’il avait, en somme, conservé la majorité à la Chambre, et que sa seule raison de se démettre était que deux de ses collègues lui en avaient donné l’exemple. M. Zanardelli pouvait donc rester en fonctions sans manquer à aucune règle parlementaire. Toutefois, il n’a pas comblé les vides qui s’étaient faits dans le cabinet. Il s’est contenté de prendre lui-même un des portefeuilles vacans et de confier le second à un de ses collègues. C’est beaucoup que d’avoir deux intérims dans un même cabinet, et il faut bien dire que cela a tout l’air d’un expédient d’attente. Quoi qu’il en soit, la situation ne semble pas troublée profondément, et, d’une ma-manière ou d’une autre, il y sera pourvu à la rentrée des Chambres.
En Autriche-Hongrie, la perturbation politique présente un caractère beaucoup plus grave, et l’avenir y apparaît plus incertain. Il y a eu deux crises. La première a eu lieu en Hongrie : on a appris tout d’un coup que M. De Szell avait donné sa démission. Ce ministre avait montré aux affaires une capacité très réelle, et il paraissait sûr de sa majorité dans le parlement. Ce n’est pas assez dire : cette majorité, il l’avait et même elle le soutenait énergiquement. Le caractère commun des crises italienne et hongroise est que les deux ministères ont donné leur démission, bien qu’ils eussent conservé la majorité, et on