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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 16.djvu/719

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ESSAIS ET NOTICES

LA PATHOLOGIE HISTORIQUE

A quelque point de vue que l’on se place pour les étudier, scientifique, psychologique, historique ou moral, pourquoi n’y a-t-il guère de questions plus intéressantes, ni plus troublantes, que celles qui touchent aux mystères de l’hérédité ? C’est qu’il y en a peu dont la solution nous importât davantage, à cause de leur intérêt propre, et surtout des conséquences qui en résulteraient. Quels sont les caractères qui se transmettent d’un père ou d’une mère à leur fils ? et quels sont ceux qui ne se transmettent pas ? Si jamais la science répondait à cette seule question, — qui est d’ailleurs, en un certain sens, et quand on la divise, toute la question de l’hérédité, — elle aurait résolu la question de « l’origine des espèces ; » les historiens, de leur côté, sauraient ce qu’ils veulent dire, ils s’entendraient entre eux quand ils parlent de « races ; » la critique déterminerait avec exactitude ce qu’il y a de « shakspearien » dans Shakspeare, de « rembranesque » dans Rembrandt, de congénital ou d’acquis, d’individuel ou de collectif dans le talent ou dans le génie ; la pédagogie saurait où commence et où finit le pouvoir de l’éducation, ce qu’elle peut, ce qu’elle ne peut pas ; et je crois, en vérité, que la politique elle-même y trouverait le moyen d’inoculer aux démocraties de l’avenir les « vertus, » ou encore, et en parlant mieux, la quantité d’aristocratie dont elles ont besoin pour s’équilibrer.

Mais comment étudier l’hérédité ? Je veux dire par quelle méthode, et j’entends : dans l’humanité. Nous en avons, semble-t-il, un moyen naturel et pratique dans l’histoire. Il y a telles familles dans l’histoire, — ce sont les familles royales, — dont l’origine remonte à mille ou