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DE BOULOGNE Á AUSTERLITZ

I
LA COALITION

A considérer, en soi et à part des autres, chacune des coalitions qui se sont succédé de 1792 à 1815, on risque d’en confondre les prétextes d’apparat avec les causes réelles et, dans ce grand procès de la France, d’oublier le fond du litige pour ne juger que sur la procédure et sur les incidens. Il faut, pour comprendre les choses, les remettre dans leur chaîne et les considérer dans leur suite. En 1813, ce que vise la coalition, c’est le Grand Empire, la France élevée à 130 départemens, débordant au-delà des bouches de l’Elbe, embrassant la Hollande et Rome, dominant l’Allemagne par la Confédération du Rhin, poussant ses prises jusqu’à la Vistule par le duché de Varsovie, maîtresse de l’Italie par le royaume d’Italie, à Napoléon, et le royaume de Naples, à Murât, disposant de la Suisse, occupant l’Espagne. Soit ; mais, lors de la coalition précédente, en 1809, ni les villes hanséatiques et l’Allemagne du Nord, ni la Hollande, ni Rome ne sont annexées au Grand Empire : c’est donc parce que Napoléon a placé des frères à La Haye et à Madrid et un beau-frère à Naples, parce qu’il est protecteur de la Confédération du Rhin, et que la Pologne, par le duché de Varsovie, est une marche de l’Empire. Soit ; mais, lors de la coalition précédente, en 1806, il n’y a point de duché de Varsovie, ni de Bonaparte en Espagne : c’est donc la Confédération du