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qu’en 1897 il y avait 4,55 pour 100. Si nous faisons abstraction de l’Amérique et que nous ne considérions que les cinq nations européennes, les changemens survenus sont encore plus saisissans : l’écart extrême entre le crédit anglais et le crédit espagnol a diminué, en six ans, de plus de moitié : il n’est plus que de 1,80, au lieu de 4,10.

Si, de l’examen de ces cours, qui ne sont après tout qu’une notation en quelque sorte externe de la situation de chaque pays, nous passons à celui des budgets, qui nous renseignent, eux, d’une façon précise et irréfutable, sur la réalité des choses, nous voyons que les marchés financiers ont sagement apprécié celle-ci et que leurs indications barométriques sont exactes. Nous avons montré le budget anglais démesurément enflé par la guerre du Transvaal, les impôts surélevés, le Grand Livre de la Dette rouvert pour des sommes presque égales à celles qui avaient été amorties pendant un demi-siècle de sagesse ; le budget français régulièrement accru chaque année, les dépenses civiles et militaires se multipliant sans raison, en pleine paix, le fisc devenant chaque jour plus exigeant et plus âpre, menaçant de tarir les sources de l’activité nationale, le Parlement gaspillant sans compter, votant des lois sans vouloir considérer leurs conséquences financières, vivant d’expédiens, escomptant, par l’emprunt, des ressources aussi lointaines que celles de l’indemnité chinoise ; le budget allemand souffrant, lui aussi, de la mégalomanie gouvernementale, de dépenses coloniales dont beaucoup contestent l’utilité, d’armemens excessifs sur terre et sur mer.

Chez les trois puissances, la politique a été l’auteur responsable du mal financier. L’histoire jugera plus tard la guerre sud- africaine : nous ne croyons pas qu’elle y découvre un élément de force ni de grandeur vraie pour la Grande-Bretagne. En France, nous craignons fort que la conduite imprévoyante qui consiste à tendre à l’extrême en pleine paix tous les ressorts de la force contributive du pays ne soit un jour condamnée avec sévérité par nos descendans. L’Allemagne souffre d’un mal semblable au nôtre, mais avec cette différence que la dette impériale est légère et que les États particuliers ont un actif considérable, composé surtout de chemins de fer, dont la valeur est souvent supérieure au total du capital de la Dette. Là aussi néanmoins, la croissance régulière des dépenses a conduit à un état de