organisées par le Père Joseph dans les provinces protestantes et appuyées en certains endroits, au moins dans le Midi, de rigueurs violentes[1], avait infligé au peuple réformé des pertes grandes. Dans le seul Poitou, les Capucins se vantaient de.50 000 conversions : « même en faisant » dans ces évaluations « la part de l’illusion » complaisante, il paraît bien que « l’effet immédiat, obtenu » par la prédication appropriée des missionnaires, « avait été considérable[2]. » Du reste, les dénombremens généraux de la population réformée dans la première partie du XVIIe siècle concordent, quel que soit le vague des statistiques d’alors, avec les indications locales qui subsistent çà et là. De 1627 à 1637, — malgré la période de paix relative qui dura de 1630 à 1636, — le nombre des églises et le nombre des pasteurs paraissent avoir considérablement diminué, sans que la différence puisse s’expliquer par un nombre égal de suppressions officielles[3]. C’est donc qu’il y avait atrophie et extinction spontanée ; et de fait, dans telle petite église[4] où le nombre des communions aux grandes fêtes était, en 1623, de 300, il n’est plus, trente-cinq ans après, que de 60. Si l’on tient compte, en outre, — à titre au moins de symptômes d’un découragement assez général, — du nombre de ministres que Richelieu, d’après Elie Benoît et Richard Simon, aurait gagnés à son plan de « réunion, » — quatre-vingts[5], presque un huitième de l’effectif total ; — de l’embarras qu’avait le protestantisme, frustré de l’appui financier du gouvernement, à subvenir par ses seules ressources à l’entretien fort lourd, il est vrai, de ses collèges, parfois même
- ↑ Fagniez, Le père Joseph et Richelieu, p. 432-433.
- ↑ Élie Benoit, Histoire de l’Edit de Nantes, t. II, p. 505 (à l’année 1629). Fagniez, ouvrage cité, t. I, p. 285,294,426.
- ↑ Voir les chiffres, du reste différens, donnés par Aymon dans le Recueil des Synodes nationaux ; par Haag, France protestante, t. I ; par N. Weiss, article cité, p. 172 ; par F. de Schickler, Géographie de la France protestante, dans l’Encyclopédie Lichtenberger, p. 73 ; par Baird, The Huguenots and the Revocation, I. Soit que l’on prenne les chiffres donnés par Aymon, soit que l’on adopte ceux que rectifie et complète M. de Schickler, la diminution de 1627 à 1637 est notable : sur les églises, d’environ 6 p. 100 suivant Aymon, d’environ 17 p. 100 suivant Schickler ; sur les pasteurs, d’environ 10 p. 100 suivant Aymon, d’environ 16 p. 100 suivant Schickler. En 1626 (Bulletin de la Société du Protestantisme français, IX, 176, XXXX, 69), le nombre des pasteurs est évalué à 700 ; en 1641, à 647. — Pour les statistiques locales, voir le même Bulletin, t. XXX, p. 244 ; t. XXXI, p. 172 et passim.
- ↑ L’abbé Dubourg, Monographie du prieuré de la ville de Leyrac.
- ↑ Élie Benoît, t. II, p. 513-514. Cf. Fagniez, ouvrage cité, 1. 1,430 ; il ne semble pas que tous ces ministres aient été des stipendiés et des apostats.