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religion catholique » et la liberté de conscience protestante. C’est au nom de la police publique et de l’« obéissance due au Roi » qu’il requiert et conclut : et son discours proclamait que le pouvoir royal avait eu principalement en vue le rétablissement dans l’Ouest de la France de l’autorité royale assez communément méprisée loin de Paris, et la répression des entreprises, plus ou moins illégales, que, dans l’anarchie récente, les particuliers, çà et là, s’étaient hardiment permises[1].

Aussi bien est-ce là l’esprit qui, — tout compte fait, toute balance établie et en dépit des contradictions assez nombreuses, — se dégage en somme des interventions directes du pouvoir central dans les affaires du protestantisme, de 1629 jusque vers 1637 environ, ou même 1640.

Mettons à part, comme il convient, cette année 1629, où l’état de guerre civile dure encore et où Richelieu, pressé d’en finir avec le protestantisme politique, ferme les yeux non seulement sur le sac et le massacre de Privas, mais, je l’ai déjà dit[2], sur des « logemens militaires, » des « enlèvemens d’enfans, » et autres vexations analogues à celles que devaient plus tard réinventer Marillac, Foucault, Bâville et Louvois. Une fois achevée, et terriblement, l’œuvre de la force, le cardinal, au cours des années suivantes, n’omit pas de montrer, par plusieurs actes notables, qu’il se souvenait des promesses de tolérance bienveillante qu’il avait faites à Metz au ministre Paul Ferry.

Dès 1631, il le manifeste, de significative façon, dans une conjoncture solennelle : au synode national d’Alençon. Puisqu’il estimait, dans son for intérieur, que c’était dans l’autonomie toute-puissante de ces Assemblées que résidait la vitalité de l’Église séparée, l’occasion s’offrait belle, au lendemain de la défaite du « parti, » à la faveur de son effroi et de son découragement, de diminuer ou d’humilier, sans plus tarder, le Conseil supérieur des Églises réformées, réuni, sous la main du Roi, à Charenton. Néanmoins, Richelieu n’en fait rien. Tout au contraire. Non seulement il accorde à l’Assemblée 16 000 livres d’indemnité pour ses frais, payables sur la cassette du Roi, et 60 000 pour les collèges protestans[3], mais encore il lui abandonne la

  1. Encore en 1634, les protestans de Metz fondent un collège en se passant de l’assentiment du Parlement, où pourtant des conseillers de leur religion siégeaient.
  2. D’après G. Fagniez, ouvrage cité, t. I, p. 422-426.
  3. Aymon, t. II (ch. VII et XXIX du Synode de 1631). Il est vrai que les allocations précédemment octroyées aux Églises réformées par le gouvernement n’avaient pas été payées depuis 1627 (Aymon, II, 463-464), les « assignations » en étant mauvaises ; et peut-être en advint-il pareillement des libéralités de 1631. Mais cela n’implique pas mauvaise volonté. On sait la presque perpétuelle détresse des finances de l’ancien régime, et l’incertitude de ses moyens de trésorerie.