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énumérer dès à présent. Le noyer suppléait beaucoup autrefois et supplée encore aujourd’hui à l’olivier dans une bonne partie de la France moyenne ; cet arbre, pour être cultivé industriellement, exige un climat relativement tiède et ne donne pas de produits réguliers dans l’extrémité septentrionale de la France, où le pavot, cet « olivier du Nord, » régnait naguère exclusivement, avant que la facilité des communications rendît universel l’emploi de l’huile d’olive (ou soi-disant telle). Le chou-colza (famille des Crucifères) enrichissait jadis les mêmes régions en fournissant l’huile-type d’éclairage. Au contraire, le sésame et l’arachide sont d’importation étrangère.

La culture du sésame est très importante en Égypte, en Turquie, dans l’Inde, en Syrie. Quant à l’arachide, son nom scientifique, Arachis hypogæa, dérive de cette curieuse circonstance que ses fruits mûrissent sous terre ; on voit cette plante sur les bords de la Méditerranée occidentale, juste à l’opposé du sésame.

Colza, arachide, sésame, pavot, présentent un trait commun de ressemblance qui les écarte nettement de l’olivier ; celui-ci, outre qu’il s’accommode des terrains les plus maigres, peut se passer de fumure, tandis que les Flamands, les Espagnols, les Levantins, sont obligés de prodiguer, ces derniers, l’eau, et tous, les engrais, aux terres consacrées à la culture des graines oléagineuses en question.

Cette nomenclature comporte encore deux lacunes assez sensibles. D’abord, les aires de culture ne sont pas limitées strictement aux territoires mentionnés à titre d’indication générale ; puis, bien des noms resteraient à citer, car il n’existe pas moins de 70 végétaux dont les graines ou fruits sont aptes à fournir de l’huile. Les progrès de la botanique, les succès d’acclimatation, le perfectionnement des industries mécaniques et chimiques grossiront certainement ce nombre, que les spécialistes affirment d’ores et déjà pouvoir être doublé.

Pour le moment, il existe par exemple, en dehors du colza, d’autres Crucifères qui fournissent de l’huile : telles sont, dans l’Est de la France, la navette ; dans le Nord, la cameline ; un peu partout, les diverses variétés du genre Sinapis (moutarde blanche, moutarde noire, ravisson de Russie). Quoique le lin, le chènevis, le coton soient cultivés comme végétaux textiles, ils peuvent aussi se ranger parmi les oléifères : l’huile de lin, qui s’épaissit