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D’après des renseignemens, un peu anciens déjà, recueillis par M. P. d’Aygalliers, si on néglige les pieds isolés, seuls le Var et les Bouches-du-Rhône comptent plus de 20 000 hectares en oliviers ; la Corse et les Alpes-Maritimes, de 15 000 à 20 000 hectares ; puis viennent le Gard (moins de 15 000), l’Hérault et Vaucluse (moins de 10 000), la Drôme, les Basses-Alpes et les Pyrénées-Orientales et, en dernier lieu, l’Aude et l’Ardèche, qui ne possèdent pas chacun 1 000 hectares plantés.

Quoique M. Müntz ait pu calculer ce que la taille et l’enlèvement de fruits dérobaient chaque année au sol d’un hectare planté en oliviers, en fait de potasse, d’acide phosphorique, d’azote, il est permis de dire que l’arbre est médiocrement exigeant et qu’un excès même de fumure lui nuit plutôt qu’il ne lui profite. Plus il trouve d’acide phosphorique et de potasse à sa disposition dans le sol, plus il rend d’huile.

Jamais homme, dit le vieil Hésiode, n’a goûté le fruit d’un olivier qu’il a planté. Effectivement l’arbre ne porte récolte pleine qu’à 50 ans, ce qui est bien long pour l’agriculteur moderne ; en revanche, il « rejette » avec une grande facilité ce qui tend sans cesse à rajeunir le vieux pied, presque immortel par le fait.

Nous avons parlé longuement de l’influence du climat sur l’olivier ; notons encore les températures critiques. Un froid sec de — 10 degrés cause peu de mal ; mais, si les rameaux sont mouillés, tout est perdu, feuillage et semence. À — 15 degrés, l’olivier gèle et meurt, mais repousse ensuite du pied. Comme tous les végétaux, il redoute beaucoup un dégel rapide succédant à un froid très vif.

L’olivier n’est pas rare en Algérie, mais il se multiplie surtout lorsque l’on s’éloigne de la province d’Oran pour se diriger vers la province de Constantine ; l’Est de la colonie est donc mieux pourvu à cet égard que l’Ouest. L’olivier abonde aussi en Tunisie, principalement du côté de Sousse, où sa culture a beaucoup d’avenir. Mieux utilisé, il deviendrait aussi une source de richesse pour la Corse, où le chétif arbrisseau des Bouches-du-Rhône se transforme en un magnifique arbre de haute futaie, rappelant à l’esprit la comparaison laudative de l’Écriture : Quasi oliva speciosa in campis.

Nous reviendrons du reste sur l’olivier, sa culture et ses produits, comme sur d’autres végétaux oléifères que nous allons