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goût et utilisable pour la cuisine. Chacun de nous en a goûté sous le nom fallacieux d’huile d’olive : ce qu’on ignore peut-être, c’est que le tourteau de sésame présente une saveur acide et amère analogue à celle du café vert ; et il paraît qu’en Égypte et aux Indes, les naturels consomment ce singulier « gâteau, » broyé et adouci par le miel. En France, il sert à nourrir les vaches et les moutons jusqu’à concurrence de 5 kilogrammes par jour pour les unes, 500 grammes pour les autres, sans désavantage, à condition que les tourteaux ne soient ni rancis, ni souillés de terre. Le traitement final au sulfure de carbone ne dégoûte même pas les bêtes. Comme le tourteau de sésame contient de l’acide phosphorique, un peu de potasse et une bonne proportion d’azote organique, son emploi comme engrais pour les céréales et les vignes s’est largement vulgarisé.

L’arachide marche à peu près parallèlement avec le sésame. Même taux d’importation, mêmes régions d’origine de la graine, même rendement en matière grasse, huile également comestible, tourteau résiduel également accepté par le bétail, et tout aussi propre à la fumure des terres. Cependant, l’huile d’arachide, lorsqu’elle est extraite à froid et en l’absence des coques, l’emporte en qualité culinaire, et, inversement, la saveur du tourteau en est si fade que les animaux ne l’acceptent que relevé avec un peu de sel. Éleveurs et agriculteurs n’ignorent pas non plus l’infériorité de l’arachide en taux d’acide phosphorique : aussi l’exclura-t-on de la ration des animaux trop jeunes dont les os ont besoin de se fortifier.

Sous le terme de « copran, » qui reconnaîtrait la noix de coco, si chère aux enfans et surtout aux lecteurs du Robinson suisse ? On importe à Marseille d’énormes chargemens de coprah sous forme de gros copeaux, de la dimension, sinon de l’aspect et de la couleur, d’une petite banane ; de ces copeaux, une fois pressés, l’industrie retire presque les deux tiers du poids brut en huile. L’huile pure de coprah se concrète facilement aux températures ordinaires ; elle rancit assez vite, en perdant l’agréable parfum d’amandes qui la caractérise quand elle est fraîche. Finalement le tourteau résiduel, nettoyé au sulfure de carbone, favorise chez le bétail la production de la viande et du lait, sauf, bien entendu, les accidens inévitables quand l’agriculteur est assez négligent pour présenter à ses bêtes des tourteaux avariés, rances ou moisis.