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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 17.djvu/359

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rendre en temps opportun la maîtresse politique de toute la côte orientale du golfe Persique, elle n’a du moins rien négligé, il faut le reconnaître, pour faire la conquête économique de la région ; elle s’est efforcée d’atteindre ce but avec une ténacité qui n’a Jamais faibli et une vigilance sans cesse en éveil, et l’on pourrait même dire que dans l’œuvre de l’annexion économique, elle est plus avancée sur la côte de l’Iran que sur la côte d’Arabie. Tout d’abord elle a commencé par rattacher la côte méridionale de la Perse à l’Inde par une ligne de câbles sous-marins qui touche à Guador, Djask, Bender-Abbas, Lindje, Bouchire. Dans ces villes, la station télégraphique est comme une ville à part, pourvue de son personnel et de ses moyens de défense ; les murailles sont percées de meurtrières et les râteliers pleins d’armes ; des détachemens de troupes protègent en outre le personnel et assurent sa sécurité. Dans l’intérieur de la Perse, diverses lignes télégraphiques terrestres sont aussi entre des mains anglaises. C’est ainsi que le réseau entre Bouchire et Téhéran appartient à l’Indo-European Telegraph Company, ainsi que celui qui va de Téhéran à Djoulfa sur la frontière russe de l’Aderbaidjan et celui qui existe entre Téhéran et Méched.

En 1902, une nouvelle convention anglo-persane vient d’être conclue pour l’établissement d’un réseau télégraphique entre l’Europe et l’Inde. Aux termes de cette convention, la Perse doit construire, sous la direction des Anglais, une triple ligne télégraphique de Kachan, au midi de Téhéran, à la frontière du Béloutchistan par Yezd et Kirman. Les frais d’établissement, les réparations et les appointemens des gardes sont à la charge de la Grande-Bretagne qui acquiert ainsi, au centre de la Perse, des installations et des agens,

La construction des routes et des chemins de fer a été menée de front avec l’établissement des lignes télégraphiques. Sous Nasser-Eddin, une société anglaise s’était fait accorder le monopole du service avec fourgon de la route de Téhéran à Koum et la concession d’une route carrossable de Téhéran à Ahouvaz, sur le Karoun. Cette société, il est vrai, prévoyant que la route ne paierait pas, a abandonné cette concession, mais ce déboire a été compensé par l’ouverture de la route de Nouchki à Méched par le Séïstan, laquelle, pour la plus grande partie de son parcours, emprunte les régions annexées ou protégées par l’empire britannique. Un consul anglais a été installé à Nasterabad au