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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 17.djvu/360

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point où le chemin pénètre en territoire persan. On a creusé des puits, construit des caravansérails pour encourager le trafic. La route à peine terminée, le gouvernement anglo-indien a décidé la construction d’une ligne de chemin de fer de 130 kilomètres de long, de Quetta à Nouchki, laquelle sera l’amorce du futur chemin de fer entre l’Inde, la Perse et la Turquie. Cette ligne d’une importance capitale doit aboutir plus tard en effet dans les Etats du chah, et, prolongée en Turquie d’Asie, devra se souder aux chemins de fer d’Anatolie.

Il n’est pas jusqu’à la circulation fiduciaire et aux richesses minières sur lesquelles les Anglais n’aient voulu mettre la main. En 1888, ils ont réussi à obtenir de Nasser-Eddin l’autorisation pour une société, « la Nouvelle banque orientale de Londres, » d’émettre des billets de banque et de faire des opérations financières en créant des succursales dans les principales villes de la Perse, à Ispahan, Schiraz, Tauris, Méched, Bouchire. L’année suivante, le baron J. de Reuter obtenait la création de la Banque impériale de Perse à laquelle était octroyé le droit exclusif d’exploiter les mines de fer, de cuivre, de mercure, de pétrole, de manganèse, de borax non encore concédées. Nasser-Eddin avait aussi donné aux Anglais la régie des tabacs, mais devant la vive opposition que souleva cette mesure parmi ses sujets, il dut opérer le retrait de cette concession, moyennant le paiement d’une indemnité de 12 millions 500 000 francs à la compagnie dépossédée. Ce fut la Banque impériale de Perse qui fournit la somme nécessaire à cet effet. Depuis quatorze ans, la Banque impériale, qui a fusionné avec la nouvelle Banque orientale de Londres, fonctionne d’une manière satisfaisante, étend ses affaires, donne des bénéfices et est pour l’Angleterre un instrument utile et fécond.

Enfin, c’est à l’initiative anglaise qu’il faut attribuer en 1888 l’ouverture du fleuve Karoun au commerce. Formé des torrens de la Susiane du Nord et du Louristan, le Karoun est un magnifique cours d’eau qui se dirige du Nord-Est au Sud-Ouest pour se jeter dans le Chatt-el-Arab, près de Mohammerah, à distance à peu près égale de Bassora et de la mer. La vallée du Karoun que traverse le fleuve a une importance commerciale considérable, car elle est la grande voie d’accès au plateau de l’Iran pour le transport des marchandises expédiées par le golfe Persique. Le fleuve que les bateaux à vapeur peuvent remonter jusqu’à