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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 17.djvu/365

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transformation du service provisoire en un service régulier de navires, spécialement aménagés entre Odessa et Bouchire. Des agens consulaires ont été établis aussi dans les ports persans, et des consuls généraux à Bassora et à Bouchire. Ce dernier dispose d’une garnison cosaque et d’un croiseur qui font équilibre aux forces du « roi du golfe Persique. »

Une des dernières mesures qu’a prises le gouvernement russe pour favoriser l’établissement et le développement des relations commerciales entre les deux pays a été la conclusion d’un traité, de commerce russo-persan en octobre 1901. Jusqu’à cette époque, les rapports commerciaux de la Perse avec la Russie avaient été réglés sur la base du traité de Tourkmanchaï. Ce traité conclu en 1828 entre la Russie et la Perse établissait un droit uniforme de 5 pour 100 ad valorem sur toutes les marchandises importées. Depuis trois quarts de siècle que le régime existait, il avait fini par sembler immuable. La Perse, toutefois, ne s’en accommodait pas sans quelques réserves. Elle trouvait cette limite maxima de 5 pour 100 singulièrement étroite et insuffisante, et elle protestait et réclamait des modifications à ce régime. Posant dans ces derniers temps la question sur un terrain pratique, elle avait adressé au gouvernement russe un rapport en vue d’un remaniement fiscal du tarif douanier. Il y a quelques années, de telles protestations fussent restées vaines et de tels efforts inefficaces, mais la politique russe étant aujourd’hui de seconder dans une certaine mesure les vœux de la Perse, la Russie a consenti à renoncer à un tarif libéral et à accepter une surélévation de droits. La nouvelle convention douanière abolit en Perse le système des fermages pour la réception des droits de douane et le remplace par l’établissement de bureaux douaniers officiels sur toutes les frontières ; elle accorde à toutes marchandises de Perse importées en Russie les conditions faites par l’empire russe à la nation la plus favorisée ; le gouvernement persan, de son côté, assume l’obligation d’abolir tous les péages. Cette convention, qui établit entre les deux Etats contractans des liens beaucoup plus étroits que ceux qui existaient par le passé, procure des avantages considérables au commerce russe et relègue pour ainsi dire au second plan le commerce européen, c’est-à-dire en l’espèce le commerce anglais. En effet, le tarif protectionniste qui a été promulgué à la suite de cet accord paralyse presque complètement le commerce anglais