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d’Alexandre, le 3 novembre[1]. Ils consistaient en des déclarations du tsar et du roi de Prusse, auxquelles, le jour même, adhéra Metternich ; elles comprenaient les articles ostensibles du traité ; il s’y joignait une convention du tsar et du roi de Prusse sur la marche à suivre en commun à l’égard de la France, une déclaration additionnelle de la Russie, de l’Autriche et de la Prusse, comprenant les articles séparés et secrets.

Les articles ostensibles posent la médiation prussienne : — à la France, les limitais de la paix de Lunéville et ce que l’Autriche a pu céder depuis ; au roi de Sardaigne, une indemnité aux dépens soit de la République italienne, soit de l’Etat de Gênes, avec Parme, Plaisance, une partie de Modène, Lucques ; l’indépendance et l’évacuation immédiate, après la paix, des États de Naples, de la Hollande, de la Suisse, de l’Empire germanique ; l’Autriche sera étendue au Mincio, avec Mantoue ; le royaume de Lombardie ne pourra être réuni à la France ; Napoléon promettra de ne point inquiéter l’Empire ottoman, par suite de l’union de cet empire avec la Russie ; un armistice général mettra fin aux hostilités ; un congrès réglera la paix et organisera, pour la maintenir, un concert intime entre les puissances alliées[2].

Un délai de quatre semaines sera accordé à Napoléon pour accepter ou refuser. S’il accepte, — mais on le croit trop clairvoyant pour accepter, — ce ne sera point la paix aux conditions qu’on lui pose, ce sera simplement, avec ces conditions comme entrée en matière, l’ouverture des négociations de la paix, et l’on verra paraître le fin des choses. L’Angleterre est liée à la Russie et à l’Autriche par le traité du 11 avril et toute sa série d’articles séparés et secrets. Elle n’adhère point aux déclarations de Berlin ; l’intervention de la Prusse ne l’engage à rien ; cependant, ni la Russie ni l’Autriche ne peuvent négocier la paix sans elle, elles l’appelleront donc aux conférences ? Alors l’Angleterre y dévoilera ses conditions, c’est-à-dire les articles secrets du 11 avril, auxquels d’avance la Russie et l’Autriche ont accédé. Elles seront forcées de les soutenir. Les bases présentées par la Prusse disparaîtront, ou plutôt s’étendront étrangement ; mais Napoléon sera pris dans l’engrenage, il aura perdu les avantages

  1. le texte de ces actes a été publié pour la première fois par M. de Martens, Recueil des Traités de la Russie, t. II, p. 480 et suivantes.
  2. Voyez, dans la Revue du 15 août, le traité du 11 avril 1805 et l’équivoque des articles ostensibles.