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LA
NOUVELLE AMÉRIQUE

Sous ce titre la Nouvelle Amérique un Canadien anglais, M. Beckles Willson, vient de publier un volume sur les États-Unis. L’auteur ne se défend pas d’avoir jugé les hommes et les choses au point de vue particulier de sa nationalité et de sa race. Il estime que : « le caractère de la Société américaine » est en train de « changer entièrement. » Dans sa préface, il énumère ce qu’il considère comme les causes de cette modification. Ce sont : l’immigration considérable qui a suivi le développement des chemins de fer ; les restrictions apportées au libre accès de l’immigration ; l’importance croissante des trusts ; les réformes dans les services politiques et civils ; la résurrection de la doctrine de Monroë ; les acquisitions territoriales ; les progrès de l’armée et de la marine ; le pouvoir, tous les jours fortifié, de l’administration fédérale : la grande prospérité matérielle ; les échanges commerciaux avec tous les marchés de l’univers ; la guerre avec l’Espagne. « En un mot, conclut-il, après cent ans de gestation, les États-Unis viennent de mettre une nation au monde. »

Les faits que M. Willson produit à l’appui de sa thèse, sur le développement politique et industriel, de ce qu’il nomme une « nation » sont empruntés à l’American Commonwealth de M. James Bryce, aux dernières statistiques, et surtout à l’observation des événemens les plus récens. Pour exacts et intéressans que ces documens soient en eux-mêmes, on peut les reprendre l’un après l’autre, de façon à démontrer que, comme point de départ d’une critique d’ensemble, cette affirmation première est erronée : l’Amérique n’est pas encore une « nation. » C’est une