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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 17.djvu/421

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religieux, sortis de la bourgeoisie anglaise, qui bravèrent les rudesses de la vie de pionniers sur une terre vierge pour gagner le droit de pratiquer librement la forme particulière de leur culte. Les territoires voisins, New-York et New-Jersey, ont été colonisés par les Hollandais. Ils y établirent des points d’échange avec les Indiens, construisirent des navires, engagèrent des relations commerciales et firent de leur capitale, New-Amsterdam, un port si florissant, que, en 1664, quand elle passa dans les mains des Anglais et devint New-York, on y trouva des immigrans qui parlaient dix-huit langues différentes. Ce fut dans le Delaware, nommé par Gustave-Adolphe, « le joyau de son empire, » que les Suédois, après sa mort, établirent une colonie dont on voulait faire un « refuge » pour tous les chrétiens opprimés. Un groupe de protestans français fuyant la persécution, et conduits par Jean Ribault, furent les premiers, en 1562, à donner un nom et des élémens de civilisation, aux Carolines du Sud. La colonie la plus voisine, la Géorgie, avait un gouverneur royal et une population mêlée d’Anglais, d’Ecossais, de Highlanders et de Moraves. La Virginie, la plus ancienne des colonies, avait été tout d’abord abandonnée à des fils de famille, des gens bons à rien, useless gentlemen, et à des criminels. Plus tard, sous l’impulsion de gentilshommes campagnards et de laborieuses communautés d’esclaves noirs dont la première importation remonte à 1619, on en fit une colonie prospère et bien réglée. La Pennsylvanie fut un don royal de Charles II, à un gentleman riche et de bonne éducation, William Penn, dit « le Roi des Quakers, » qui fonda un refuge pour les persécutés de toutes nationalités. Et, tandis que certaines colonies refusaient aux catholiques le droit de cité, le Maryland, par la faveur du roi Charles II, fut attribué à un gentilhomme catholique, lord Baltimore. Enfin, la colonie en miniature de Rhode-Island dut l’existence à quelques libres esprits : évadés de la tyrannie religieuse des autres colonies, ils stipulèrent dans leur assemblée générale que, Papistes, Protestans, Juifs et Turcs trouveraient auprès d’eux la liberté religieuse.

Tels furent les élémens, séparés si profondément quant à leurs origines, leurs traditions, leur foi, et leurs espérances, qui s’unirent pour se révolter contre l’oppression de l’Angleterre, et déclarèrent finalement que, entre eux et la Grande-Bretagne, tout lien politique était dissous. Cela dura sept années de guerre