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régiment de cavalerie, dans un camp situé à proximité de Tien-Tsin, complimentait ce chef sur l’habileté de ses cavaliers à manier leur monture et à manœuvrer à rangs serrés ; mais tous les mouvemens étaient exécutés sur un espace restreint, une sorte de champ de course. Afin de chercher à se rendre compte de la manière dont les cavaliers chinois entendaient et exécutaient le service d’exploration, il lui demanda d’envoyer un groupe de cavaliers à un village situé à quelques kilomètres de distance, pour en effectuer la reconnaissance. « Si je commettais cette imprudence, lui répondit le général chinois, je ne reverrais plus ces hommes, qui se hâteraient d’aller vendre leurs chevaux et leur équipement sur le premier marché voisin. » Le bon recrutement effectué aujourd’hui sur quelques points de la Chine, sous la responsabilité des villages, mettra l’autorité militaire à l’abri de pareilles surprises.


VI

Une question, d’ordre moral également, se pose encore à l’égard de ces armées chinoises de l’avenir. Ces armées sont-elles susceptibles de s’assimiler, avec les élémens de la science militaire des Européens, les principes du droit international qui règle les rapports des armées des puissances de l’Occident ?

Les troupes chinoises et, plus particulièrement, en raison de leurs attributions de police, les milices placées sous les ordres des administrateurs ont pris, vraisemblablement, leur part, en toute circonstance, de toutes les cruautés et de tous les massacres qui accompagnèrent les explosions d’indépendance dont, dans le siècle dernier, le Céleste-Empire fut le théâtre. Cependant, nous n’avons jamais trouvé, dans aucune relation, de récits de l’emploi qui aurait été fait, par les réguliers, à l’égard de leurs prisonniers, — comme ce fut souvent le cas de la populace à l’égard des victimes tombées entre ses mains, — de ces supplices raffinés édictés par les lois chinoises. Aussi estimons-nous que c’est principalement comme moyen d’action sur le moral de ses soldats, en vue de frapper leur esprit et pour les effrayer sur les conséquences auxquelles les exposerait une défaillance, que le commandant en chef de l’armée japonaise s’exprimait de la manière suivante, au mois de septembre de l’année 1894, dans