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La France a, depuis lors, limité son ambition à demander la cession d’un point lui permettant de surveiller le chenal donnant accès dans le golfe qui, comme une petite mer intérieure, borde la côte de notre établissement indo-chinois. C’était là surtout une mesure de prudence et de sûreté prise contre l’éventualité des tentatives d’occupation de ce point par d’autres États ayant les mêmes visées, sans avoir les mêmes droits ni les mêmes intérêts à établir, en quelque sorte, une sentinelle avancée dans ces parages. La France s’est, de plus, attachée à résoudre pacifiquement toutes les difficultés qui se sont présentées relativement à cette cession, notamment pour la délimitation de la petite zone de territoire qui lui a été attribuée, en laissant à un haut représentant de l’autorité chinoise, envoyé sur les lieux, le soin de procéder à cette délimitation et en se bornant à prendre les dispositions pour assurer de la part des indigènes le respect de ces décisions. Nombreux furent alors ceux qui reprochèrent au gouverneur général de l’Indo-Chine de faire emploi, dans ces circonstances, de ces procédés de courtoisie que l’on caractérisait de procédés de faiblesse, tandis qu’il fallait, à leur sens, ainsi que cela se produisait, à ce moment, sur d’autres points des côtes de la Chine, imposer ses volontés par la force brutale. Et dans cette province reculée du Yun-Nan, où par suite de sa situation au Tonkin, la France jouit du privilège d’avoir directement accès, à l’exclusion de toutes les autres puissances, quel rôle fut le nôtre ? En 1900, et, tout dernièrement encore, il y a quelques mois à peine, au moment où l’autorité de cette province, profondément troublée par des émissaires des Boxers, se déclarait impuissante à assurer la sécurité de notre représentant et de nos nationaux, et nous offrait même de laisser monter à Mong-tse, en qualité de gardes-consulaires, des détachemens français pour assurer cette sécurité, il suffisait de l’envoi de quelques-uns des vaillans bataillons d’Indo-Chine, pour pénétrer sur ce territoire et y faire acte d’occupation. Mais, l’intérêt de notre pays n’est point une extension territoriale, effectuée soit directement par la force des armes, soit par l’emploi de moyens détournés, de notre établissement du Tonkin aux dépens de la Chine ; il réside, ainsi que le déclarait, en 1900, à Tien-Tsin, à des généraux français et russes, Li-Hung-Chang lui-même, dont on ne saurait contester le patriotisme, dans une extension de notre influence, par des moyens pacifiques, sur cette contrée, dont la fortune dépendra