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Sliman et Sidi-Mohammed-el-Guebbas, la signature du protocole du 20 juillet 1901, ont ouvert, dans l’histoire de nos relations avec le Maroc et de la pacification du Sud-Oranais, une période nouvelle d’activité et de succès. Nous avons signalé ici les stipulations essentielles et l’importance du protocole de Paris : il nous suffira donc aujourd’hui de résumer les incidens qui en ont entravé l’application, de montrer les avantages qui ont été obtenus et d’indiquer vers quels résultats décisifs la même méthode appliquée avec persévérance doit nous conduire.


II

Le protocole signé à Paris le 20 juillet 1901 ne remplace pas le traité de 1845, il le complète ; il détermine, dans une zone que nous ne connaissions pas au temps de Bugeaud, la répartition des tribus entre la France et le Maroc. Il est l’heureux résultat de l’entente qui suivit le règlement de l’affaire Pouzet et qui provoqua l’envoi d’une ambassade du Sultan au Président de la République. Rappelons brièvement les stipulations essentielles de cet acte diplomatique dont le texte n’a pas été publié. La France sera chargée de faire la police et de maintenir l’ordre dans le triangle compris entre l’oued Guir et l’oued Zousfana ; les Doui-Menia et les Oulad-Djerir seront soumis à son autorité et le Sultan s’engage à leur signifier qu’ils ne sont plus ses sujets ; les ksour de la région auront le droit de se prononcer soit pour le Maroc, soit pour la France ; deux commissaires français et deux commissaires marocains, autorisés à aller librement, les premiers à Oudjda et à Figuig, les seconds à Lalla-Marnia et à Djenien-bou-Reszg, seront chargés de régler sur place tous les litiges ou les incidens de frontière ; le Sultan aura le droit d’établir, dans la zone limitrophe, une force militaire dans des postes choisis d’un commun accord. — Ces clauses témoignaient de la volonté réciproque des deux parties de vivre en paix et en bonne intelligence : restait à les appliquer dans leur lettre et surtout dans leur esprit. Cette mission fut confiée à une commission mixte, où le général Cauchemez représentait la France et Sidi-Mohammed-el-Guebbas le Maroc, et qui comptait, parmi ses seize membres, le capitaine Fariau, directeur des affaires indigènes à Oran et M. Ronssin, consul de France, délégué par le ministère des Affaires étrangères. D’importans détachemens de la légion