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toujours heureux, aimable et jeune de quatre à six heures ; j’irai demain, j’y verrai M. de Chateaubriand couronné de ses lauriers de Vérone ; M. Ballanche, plus béat que jamais et mangeant comme le bonhomme son fonds avec son revenu ; enfin tout le petit cénacle au complet. J’ai vu Mme Valmore qui, j’espère, ne partira plus ; l’Odéon a eu un succès, ce qui l’empêchera peut-être de mourir[1]. Elle demeure dans le Palais-Royal, au quatrième et de son balcon de pierre on a la plus belle vue sur ce jardin que vous devez croire si étouffé et qui, n’en déplaise à la pureté alpestre, a sa fraîcheur et sa beauté, vu ainsi d’en haut et de ce balcon de la tendre muse. Elle va publier un petit recueil de vers intitulé Pauvres fleurs. Comme c’est cela !

« J’ai vu Mme de Simonis, son amie si sincère, fort belle véritablement, impétueuse, orageuse, dévouée ; noble nature sortie des bruyères du pays de ?… De la petite Suisse (comme on appelle ce pays) et que les formes aristocratiques et sociales n’ont en rien atteinte dans sa franchise génuine. Nous avons parlé du désir de garder à Paris Mme Valmore, et, à force de le désirer, on y réussira peut-être. J’ai bien parlé de vous, de vous deux, à ces amis du grand et du bon.

« J’ai vu Buloz, qu’on avait saigné le matin : les épreuves de la Revue lui avaient donné le sang dans les yeux. Il a été content de me revoir, et en ami plus qu’en intéressé. Il avait reçu plusieurs lettres de Lausanne sur mon cours ; je suppose qu’il y en avait une de M. Monnard (sans en être sûr), mais j’ai cru reconnaître l’écriture sur l’adresse ; on n’a pas voulu me nommer

  1. Valmore était alors régisseur du théâtre de l’Odéon.