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Brazza pour, garder le posté de Ntamo, avait lui aussi, avec une intelligence et une crânerie qui étonnèrent Stanley, refusé d’amener son pavillon tricolore. Dans les années suivantes, les deux rivaux se disputent la vallée du Niari-Kouilou, consolident leurs établissemens antérieurs, montent sur le Congo et l’Alima des embarcations à vapeur : au retour d’une expédition sur le Haut-Congo, Stanley trouve, en descendant, le docteur Ballay occupé à fonder un poste nouveau, sur la rive droite du fleuve, un peu au sud de l’Equateur ; Brazza, s’appuyant sur l’Ogooué (Franceville) et sur le Pool (Brazzaville), a déjà envoyé à l’Est et au Nord des reconnaissances que dirigent Jacques de Brazza, Paul Dolisie, etc. La France, et l’Association internationale se sont trop avancées pour que l’une puisse maintenant céder et disparaître devant l’autre : il faut transiger, et ce sera l’œuvre du Congrès de Berlin (1884-1885).

Convoqué sur l’initiative de Bismarck, à l’instant où l’Allemagne industrielle commence à s’inquiéter des marchés d’outremer, l’année même où prennent leur essor les Sociétés de géographie et de colonisation de Brome et de Hambourg, le Congrès de Berlin a pour programme de régler l’appropriation de l’Afrique centrale par les Européens ; Bismarck avait rallié à ses idées Jules Ferry, et, quelques jours avant l’ouverture du Congrès, la France et l’Allemagne reconnaissaient la souveraineté de l’« Association internationale du Congo. » Le Congrès, en apparence, n’avait plus à traiter que des questions générales : navigation du Congo, protection des indigènes, conditions de la prise de possession de territoires africains par les Européens ; en fait, — et c’était là ce qui intéressait surtout la France, — il s’agissait essentiellement pour les puissances de définir le nouvel État indépendant du Congo ; à cet effet, des négociations discrètes, menées à Paris sous l’inspiration directe du roi Léopold II, furent probablement plus décisives que les délibérations officielles de Berlin.

De cet ensemble de pourparlers, les conclusions, en ce qui nous concerne, sont les suivantes : il existe désormais, en face de notre colonie congolaise, un Congo indépendant, dont le roi des Belges est le souverain ; cet État est politiquement neutre ; les frontières occidentales entre lui et nous, réglées par acte spécial du 5 février 1885, nous laissent toute la vallée du Niari-Kouilou, mais cette dernière est rattachée, pour le régime commercial,