au « bassin conventionnel » du Congo, c’est-à-dire que nous y admettons la liberté de la navigation et du commerce. Ballay, l’un de nos représentais à Berlin, aurait voulu réserver à l’action unique de la France toute la région qui avait fait l’objet des explorations françaises ; Stanley demandait, au contraire, que le régime du « bassin conventionnel » fût étendu à une sorte de delta commercial ayant sa pointe au Stanley-Pool et embrassant environ 400 kilomètres de côtes, — ce qui nous imposait un contrôle sur tout l’Ogooué : on transigea finalement, en annexant au bassin conventionnel la seule vallée du Niari-Kouilou[1]. L’Etat indépendant fut proclamé solennellement à Banana, sur l’estuaire du Congo, le 1er juillet 1885 ; nous gardions sur son territoire un droit de préemption formellement stipulé, dès avril 1884, dans une lettre de M. Strauch, président de l’Association internationale, à Jules Ferry, mais nous avons depuis, par la convention du 5 février 1895, déclaré que ce droit ne serait pas opposable à la Belgique.
Malgré l’initiative prise par le « roi souverain » du Congo, la Belgique était restée indifférente aux négociations de Berlin et de Paris. Le Portugal, qui avait espéré d’abord obtenir, d’accord avec l’Angleterre, la souveraineté des deux rives du Congo maritime, manifesta quelque amertume de sa déception, mais sans insister. Stanley, qui n’avait à jouer aucun rôle dans l’Etat nouveau, se rapprocha de l’Angleterre. Quant à la France, on s’y montrait assez sceptique sur l’avenir de l’Etat indépendant, impasse sans valeur, disait-on, colonie destinée à périr d’inanition. Sans un chemin de fer pour tourner les rapides des Monts de Cristal, il ne valait pas un shilling, en effet, ainsi que l’avait brutalement déclaré Stanley ; mais un homme devait précisément se trouver à côté du roi Léopold, le colonel Thys, dont l’implacable volonté briserait cet obstacle de la nature, cependant que, d’abord en concurrence avec la France, puis dans des limites diplomatiquement déterminées, l’État poursuivrait la découverte et l’appropriation du haut pays.
Nous ne suivrons pas ici l’histoire du Congo indépendant : il nous suffira d’en marquer les traits nécessaires à l’intelligence de l’évolution de notre propre colonie. On a vu comment celle-ci, par la rivalité de Stanley et de Brazza, s’était trouvée
- ↑ L’article I, § 2 de l’Acte général de Berlin déclare explicitement exclure le bassin de l’Ogooué.