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UNE CORRESPONDANCE INÉDITE
DE
SAINTE-BEUVE
LETTRES Á M. ET Mme JUSTE OLIVIER

DEUXIÈME PARTIE[1]


Ce jeudi 2 juillet 1838.

« Je reçois avec bien du bonheur, Madame, votre lettre tant attendue ; vous me grondez bien sévèrement au début : ce n’est pas très juste, véritablement, mais j’aime trop le motif de cette injustice pour ne pas vous en remercier, surtout maintenant qu’elle est passée et que vous ne m’en voulez plus, j’espère.

« Pour vider tout d’abord le point délicat, ma santé n’est pas du tout mauvaise ; j’ai même un visage et un teint qui me fait complimenter de tout le monde ; cela ne saurait entièrement mentir. Ma poitrine a encore des faiblesses, mais rien de plus, et seulement après des conversations ou des courses trop longues, après des petits excès enfin qu’il me suffit de supprimer pour être tout à fait bien. Il est vrai qu’à ce bien-là, il n’y faut pas trop toucher, car aussitôt il se dérange, mais c’est comme tous les biens du monde. Mes amis, d’ailleurs, doivent se résigner plus aisément que moi à ce que je ne sois plus infatigable

  1. Voyez la Revue du 15 octobre.