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UNE CORRESPONDANCE INÉDITE
DE
SAINTE-BEUVE
LETTRES Á M. ET Mme JUSTE OLIVIER

TROISIÈME PARTIE[1][2]


1839

Ce 6 janvier 1839.

« J’ai reçu avec bien du bonheur la chère lettre du jour de l’an : je me suis revu parmi vous ; ma journée d’ici en a été plus embellie qu’elle n’avait coutume, et dans l’air de fête que j’ai porté à quelques amis de Paris, vous entriez pour beaucoup. J’avais dès le matin le gracieux bonjour dans le cœur.

« Vous aurez reçu enfin des lettres de Mickiewicz, trop tardives je le crains. Je joins ici le seul mot que j’aie de lui depuis toutes nos lettres : sa douleur si vraie, si respectable et belle, le rendait incapable de toute autre pensée.

« Mme de Tascher est bien souffrante depuis quelques jours ; en général, tout le monde ici a quelque chose : Mme de Castries et son fils ont été atteints aussi. C’est inconcevable comme, cet hiver, on meurt aisément. Cela fait trembler ; et puis les chagrins,… tous mes amis d’ici en ont plus ou moins, et plutôt plus. Guttinguer en a eu un affreux par un gendre en fuite et déshonoré[3]. Si j’énumérais d’autres noms, je ne ferais que changer

  1. Voyez la Revue du 15 octobre et du 1er novembre.
  2. Voyez la Revue du 15 octobre.
  3. Au mois de juin suivant, Mme Victor Hugo écrivait à ce sujet à Ulric Guttinguer : " Mon cher Monsieur, je suis beaucoup mieux de santé depuis quelques jours. J’emploie ce mieux à répondre à votre lettre si furieuse contre vos gendres ; ceci nous prouve la vérité du proverbe : il ne faut pas désunir ce que Dieu a uni. Entre l’arbre et l’écorce il ne faut pas mettre le doigt, surtout quand l’arbre est tant soit peu véreux, ajouterai-je… » (Lettre inédite communiquée par M. Gabriel Guttinguer.)