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de votre roman et de vos rêves. Vous savez combien j’aime tout cela et comme j’y entre ; j’ai toujours vécu chez les autres, j’ai cherché toujours mon nid dans leurs âmes, et ce n’est pas maintenant que je changerai.

« Adieu ou à bientôt, c’est le même ; si vous êtes à Eysins, mes amitiés et mes respects à tous ; si vous êtes à Aigle, un redoublement d’hommages à Mlle Sylvie, et partout baisers à toutes les joues des petits.

« J’embrasse Olivier.

« SAINTE-BEUVE.

« J’ai reçu une lettre renvoyée de Lausanne sans autre adresse que Paris ; elle avait toute chance pour ne pas m’arriver. Il faudrait avoir la complaisance ou de recevoir les lettres qui m’arriveraient ou d’y faire mettre à la poste une adresse complète. Cette lettre qui a couru tout Paris était de M. Reuchlin[1]. Adieu. »


Le 1er septembre.

« Madame et chère amie,

« Je reçois votre seconde lettre avant d’avoir encore répondu à l’autre et l’harmonie est rétablie. Vous m’écrivez des choses fort bonnes et très capables d’adoucir les ennuis très recommencés d’ici. Il n’y a que ma santé qui soit à merveille : elle a épouvanté mes amis à force de couleur et de fleuri, surtout de bravoure. J’ai donc repris le travail, Port-Royal court assez. J’ai en même temps entamé la guerre depuis longtemps méditée envers et contre tous, par un article dans la Revue des Deux Mondes d’aujourd’hui sur la Littérature industrielle. J’y frappe à droite et à gauche et le plus de la pointe que je puis. Buloz n’est pas encore revenu ; il ne sera ici que dans huit jours. Moi-même je profite de l’intervalle des deux Revues, pour payer le devoir que vous savez à Mme de Tascher ; je pars ce soir pour être revenu dimanche ou lundi prochain : c’est assez loin, il faut passer une nuit en voiture, mais elle m’a témoigné tant de plaisir à me voir que je dois retrancher au cloître et à la guerre ces huit jours encore. Après quoi, je ne sors plus du casque ni du froc. Travaillez bien vous-même ; votre idée d’un recueil

  1. L’historien allemand de Port-Royal.