Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 18.djvu/317

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et digne de mieux que d’aucune indulgence. Il paraît dans la Revue de ce matin un article éloquent de Mme Dudevant sur Gœthe, Byron et Mickiewicz : ce dernier y reçoit une couronne ardente. Il y a trois grandes victimes : Goethe, le Tsar et le catholicisme ; mais à George Sand on passe tout, et bon nombre de vérités critiques profondes éclatent dans ce coup de foudre. La chaire de Mickiewicz en sera là-bas un peu illuminée.

« Je n’ai pas revu M. Vulliemin et remets de soir en soir, étant (passé de certaines heures réservées au travail) dans un vrai torrent de chaque jour, et ne pouvant subvenir physiquement aux choses indispensables. A la garde ! comme on dit dans notre canton. Comment, sérieusement, faut-il renvoyer l’article d’Olivier ? Par la poste, cela me paraît impossible, vu la grosseur et la dimension des premiers feuillets ; pourrait-on par Risler en adressant à M. Ducloux ?

« J’ai reçu une lettre de M. Ch. Eynard et son volume de Tissot par une dame russe (comtesse Edling) que j’ai cherché avoir sans réussir à l’atteindre. Remerciez bien M. Eynard à l’occasion.

« Ne m’oubliez pas auprès de tous les amis que je ne nomme plus, mais auxquels souvent je pense, M. Ducloux, Esperandieu, Monnard.

« Je remettrai à Risler, un de ces jours, le petit volume de Mme Favre, à moins que je ne le confie à M. Vulliemin. Je suis heureux de savoir Olivier si bien, et il faut, tout occupé qu’il est, qu’il me le dise quelquefois, ne fût-ce que par deux lignes d’un sourire moqueur, comme il sait si bien faire.

« Pour moi, je suis bien brisé dans mes os et mes muscles ; je suis un véritable invalide et mon cerveau s’en ressent. Non pas mon cœur, s’il vous plaît ; prêtez-lui donc, chers amis, tout ce qu’il a et ne dit pas assez. J’embrasse les deux enfans et salue les deux bouts du lac. »


Mardi.

« Mille grâces, chère Madame et chers amis, de vos détails impatiemment attendus : je m’ennuyais bien de ce long silence ; vous le justifiez, mais il n’a pas moins été bien long. J’ai laissé partir M. Vulliemin sans le voir et sans lui donner de lettres, attendant toujours. Vous me demandez des nouvelles de moi, chère Madame, elles ne sont guère bonnes. A part le travail que je tâche de sauver avant tout, le reste va comme il peut ; et,