Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 18.djvu/413

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES
DAMES DE BELLEGARDE
MŒURS DES TEMPS DE LA RÉVOLUTION

III[1]
LA FIN D’UN ROMAN D’AMOUR


I

En s’éloignant de Paris pour obéir aux ordres de la Convention, Hérault de Séchelles n’ignorait pas qu’il y laissait des ennemis acharnés à sa perte. A leur tête figuraient Robespierre et Saint-Just, qu’offusquaient sa popularité, son luxe, son élégance, ses liaisons avec Proly, Dubuisson, Pereyra et autres suspects arrêtés déjà ou à la veille de l’être. Au sein même du Comité de Salut public, il avait saisi maints témoignages de cette malveillance. Encore qu’elle voulût se dissimuler, elle perçait dans l’attitude défiante de quelques-uns de ses collègues. Lorsque Proly avait été décrété d’arrestation, Hérault avait protesté, plaidé, avec des larmes et vainement, la cause de ce compagnon de ses plaisirs. Son attitude avait paru surprendre ceux qui en étaient témoins. Dans ces faits, il pouvait lire son propre destin. Il était donc parti contre son gré et brûlait du désir d’être

  1. Voyez la Revue des 1er et 15 octobre.