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pour le fonds de construction de la Compagnie. Or un Jésuite italien, le Père Boero, qui le premier a découvert dans les archives du Gesù toutes les pièces relatives à James de la Cloche, nous affirme en outre, d’une façon formelle, que cette promesse du roi d’Angleterre a été tenue. Quel droit aurions-nous à douter de sa parole sur ce point ? Et, s’il dit vrai, comment supposer que Charles II eût accordé une telle marque de reconnaissance à des religieux dont l’éducation aurait eu sur son fils d’aussi fâcheux effets ?

De telle sorte que nous pouvons hardiment garder entière notre admiration respectueuse pour l’exemplaire chrétien qu’a été ce jeune prince, durant le peu de sa vie que nous connaissons. Et c’est encore dans l’étude de M. Lang que nous trouverons de quoi alimenter, s’il nous plaît, nos conjectures sur la destinée ultérieure de James de la Cloche. Nous y lisons, en effet, que, le 27 décembre 1668, Charles II, parlant à sa sœur, Henriette d’Orléans, de son intention de se convertir au catholicisme, ajoute : « Je vous assure que nul ici ne sait ni ne saura rien de cela, jusqu’au jour où la chose pourra être divulguée, nul excepté moi-même et cette autre personne. » Deux ans après, en 1670, Charles projette d’envoyer au pape Clément IX « un certain Jésuite du collège de Saint-Omer. » Et nous apprenons encore qu’entre 1678 et 1681, un prêtre catholique de France est venu secrètement à Londres, pour s’entretenir avec Charles II. « Cette autre personne, » qui seule savait le secret des pieuses intentions du roi, ce Jésuite de Saint-Omer que Charles II voulait envoyer au pape, ce prêtre venu de France à Londres en 1678, rien évidemment ne nous prouve que ce soit l’ancien novice du collège du Quirinal ; mais, du moins, rien ne nous empêche de l’imaginer, tandis qu’il y a pour nous une impossibilité absolue à admettre que James de la Cloche se soit cru le fils de « Donna Maria Stewart, de la famille des barons de San Murzo, » ou que, après deux séjours à Londres auprès de son père, il se soit figuré que la constitution anglaise réservait « la principauté de Galles aux bâtards de la Couronne. »


Le « mystère » de James de la Cloche n’occupe d’ailleurs qu’un chapitre du nouvel ouvrage de M. Andrew Lang : mais l’ouvrage tout entier est consacré à diverses questions du même genre, à quelques-uns de ces problèmes que les historiens se transmettent d’âge en âge, sans qu’on puisse prévoir si un jour la découverte d’un document nouveau viendra enfin les résoudre, et, du même coup, leur enlever à nos yeux leur principal attrait. M. Lang, lui, s’accommode fort bien