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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 18.djvu/55

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« la conquête jacobine ; » conquête dont la première condition est que le gouvernement ne soit plus dans le gouvernement, et la première conséquence, que le gouvernement n’est plus un gouvernement.


II

La conquête jacobine ? N’est-ce pas elle, et l’honorable M. Puech, député de la Seine, ne l’a-t-il pas ingénument avoué dans son rapport au Congrès de Marseille ? ou même, plutôt que de l’avouer, ne s’en est-il pas vanté ? « Mille délégués, douze cents groupemens tels les Jacobins en 1793. » Mais M. le président du Conseil ne veut pas être un Jacobin. Il s’en est défendu à Tréguier, au pied de la statue de Renan, dans cette journée mémorable où, M. Combes, M. Chaumié, M. Berthelot, M. Anatole France et M. Guieysse ayant disserté congrûment, il n’a rien manqué à l’auteur de la Vie de Jésus, en fait d’honneurs officiels, si ce n’est peut-être l’hommage de M. le ministre de la Guerre ou de M. le ministre de l’Agriculture :


Les Jacobins qu’on nous donne pour ancêtres, a-t-il dit, seraient bien surpris, s’ils revenaient au jour, en constatant que leurs successeurs prétendus n’ont rien conservé de leur système de gouvernement. Où donc est la Chambre unique de cette époque, cette fameuse Convention nationale qui faisait trembler les rois ? Où donc les grands comités de Sûreté générale et de Salut public ? Où donc le tribunal révolutionnaire, sans parler de la guillotine, elle aussi partie intégrante du gouvernement révolutionnaire ?


(Ici, je ne puis résister à la tentation de faire observer que M. le président du Conseil, s’il n’est pas sociologue, est au moins médecin, et qu’à ce titre, il devrait considérer la guillotine comme une partie « désintégrante, » beaucoup plus qu’ « intégrante »… Et je sens toute la légèreté de cette remarque, mais on me la pardonnera en songeant que c’est M. Combes lui-même qui, comme on va le voir tout à l’heure, nous invite au calembour sur un thème aussi aimable.) Il continue :


On voudra bien reconnaître, je pense, que nous n’avons jusqu’à présent coupé aucune tête. Cependant je ne suis pas bien certain qu’on ne nous prêtera pas le désir d’en couper un certain nombre et de guillotiner une seconde fois les Girondins. Il est bien question de guillotine sèche dans les récriminations déclamatoires de nos adversaires. Mais c’est pure figure de