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que le Tchèque, ce petit brun brachycéphale avec son visage en pomme de terre, n’a de slave que la langue, étant un Mongol ressuscité par le jeu mystérieux des sélections sociales : ainsi Gobineau faisait un Finnois du paysan bas-breton, en dépit de son langage japhétide.

L’auteur des Assises admet même, avec celui de l’Essai, une regrettable mongolisation des vrais Slaves[1] ; mais ceux d’entre eux qui ont conservé le trésor de la pureté ethnique se révèlent encore, comme il convient, dans leurs créations intellectuelles. Par exemple la poésie populaire des Serbes, avec ses principes d’honneur et de fidélité à la foi jurée (comparez Lohengrin, son culte de la Virginité (comparez Parsifal) et sa sympathie pour le triomphe dans la mort (comparez Tristan et la Tétralogie) a fait la conquête irrévocable du fervent de Bayreuth qu’est notre philosophe. Le schisme moscovite, si obstinément antiromain, constitue aussi, nous le verrons, un très bon point pour des aspirans au diplôme germaniste, ainsi que la collaboration des Slaves de Bohême à l’œuvre de la Préréformation, avec Milic, Mathias de Janow, Stanislas de Znaim, Nicolas de Wélénowic et Jean Huss. Au total les Russes actuels gardent beaucoup de sang germanique, et y puisent le plus clair de leur force : c’est par là qu’ils demeurent un facteur important dans la civilisation de demain.

Les Celtes sont encore plus généreusement traités par un homme qui, dans son cœur, sympathise avec toutes leurs tendances profondes et qu’un psychologue exercé, tel que ceux qu’il prétend former lui-même, verrait sans doute beaucoup plus celtique que saxon dans sa personne et dans son ascendance probable.

Le traitement de faveur dont les Celtes bénéficieront dans les Assises du XIXe siècle s’annonce dès l’aurore de l’ère chrétienne, car saint Paul s’adressant aux Galates, d’origine celtique, leur parle, nous est-il affirmé, sur un ton bien différent de celui qu’il emploie vis-à-vis des Romains du Chaos, destinataires de quelques-unes de ses épitres. Puis la poésie bretonne du moyen âge, dont sortirent tant de livrets d’opéra fameux (Lohengrin, Tristan, Parsifal), est déclarée bien plus essentiellement germanique encore que la muse serbe par l’exégète

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