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quarante ans et après les règlemens coloniaux de ces dix dernières années, la rivalité entre les deux pays ne porte plus sur des points essentiels à leur situation dans le monde ; et l’on peut se demander si les intérêts qui les divisent encore ne sont pas plus faibles que ceux qui les unissent et qui prennent de jour en jour une importance croissante.

Au premier rang de ces derniers se trouvent leurs relations économiques. Nous voudrions les examiner ici, et cette étude montrera, croyons-nous, l’importance qu’ont pour notre prospérité nationale, pour la richesse de notre pays, qui est l’une des principales bases de sa puissance, nos rapports économiques avec les Anglais. Ne sera-t-il pas évident, dès lors, que le souci de les maintenir et de les étendre doit être, non pas la seule, mais l’une des principales considérations qui guident notre politique vis-à-vis de nos voisins d’outre-Manche ?


II

Les relations économiques de deux pays se traduisent en premier lieu par leur commerce extérieur. Ce n’est pas le seul élément de leurs transactions, ce n’en est même pas toujours le principal : . la Suisse, par exemple, tire certainement plus de profit des sommes dépensées chez elle par les touristes anglais que de ses ventes de marchandises à l’Angleterre. Il peut arriver aussi que les capitaux placés dans un pays neuf par une vieille et riche nation procurent à celle-ci plus de bénéfices que les produits qu’elle envoie à ce même pays. Entre la France et l’Angleterre, le commerce proprement dit paraît, toutefois, l’élément le plus important des transactions, bien que les dépenses faites par les voyageurs étrangers, surtout par les Anglais pu France, et les placemens de capitaux d’un pays dans l’autre soient assurément très considérables, encore que malaisés à chiffrer. Ce commerce franco-britannique a fait dernièrement l’objet d’un substantiel rapport, où notre consul suppléant à Londres, M. Jean Périer, en expose la nature et l’importance, montre les raisons qui le rendent particulièrement stable et profitable aux deux nations, et recherche les moyens de le développer. Aussi clair que démonstratif, ce rapport nous permettra d’examiner, en nous aidant parfois de quelques autres documens officiels, les principaux traits caractéristiques du commerce franco-anglais.