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Pour en mesurer l’importance, il suffit de dire que, d’après la douane française, nous avons exporté en Grande-Bretagne 1 277 millions de francs de marchandises, près du tiers des 4 milliards 236 millions que nous exportons en tout, et que nous en avons importé 582 millions, soit 13 pour 100 de notre importation totale, proportion moindre, mais qui laisse aux Anglais le premier rang parmi nos fournisseurs comme parmi nos cliens. Nous leur vendons deux fois et demie plus qu’à toutes nos colonies ensemble, et deux fois plus qu’à la Belgique, notre meilleur acheteur après eux.

Réciproquement, nous sommes l’un des meilleurs, sinon le meilleur correspondant de l’Angleterre. Son commerce extérieur, de beaucoup le plus vaste du monde, s’élève à 13 milliards 350 millions aux importations, à 8 milliards 820 millions aux exportations. Notre part n’est ainsi que d’un peu moins du dixième des premières et du quinzième des secondes. Nous n’en venons pas moins au troisième rang des fournisseurs de la Grande-Bretagne, dépassés seulement par les Etats-Unis et les colonies anglaises, et au quatrième rang parmi ses cliens, après les colonies, les États-Unis et l’Allemagne. A regarder les choses de près, celle-ci doit même vendre aux Anglais à peu près autant que nous, sinon plus, car la douane britannique met au compte de la Belgique ou de la Hollande beaucoup de marchandises parfaitement allemandes, mais expédiées par Rotterdam ou par Anvers, tandis que le nombre est petit des produits français qui suivent cette voie. Cette rectification faite, la France est encore, après les États-Unis, l’Inde et l’Allemagne, et très près de ces deux derniers, le pays qui fait le plus grand commerce avec l’Angleterre.

Ce n’est pas tout de commercer ensemble. On peut s’en trouver plus ou moins bien, et l’on n’est pas toujours en relations cordiales parce qu’on est en rapport d’affaires. Bien des producteurs se plaignent d’être exploités par les intermédiaires. Or, l’Angleterre est un grand intermédiaire du commerce international. Une série de causes historiques et géographiques, au premier rang desquelles sont sa situation insulaire et sa richesse en charbon, en ont fait le principal entrepreneur de transports maritimes, le courtier et l’entrepositaire des marchandises les plus variées. Aussi entend-on dire parfois que les Anglais ne prennent nos marchandises que pour en revendre le tiers