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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 18.djvu/892

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mais, à Renou, l’informant, le 27 avril an II, qu’il a été inscrit à son rang pour professer à l’Ecole des modèles, David répondra sèchement par ces mots qui tranchent comme le couperet de la guillotine : « Je fus autrefois de l’Académie. » David s’exprime au passé. L’Académie, à son tour, sera bientôt le passé, et c’est à David surtout qu’elle le devra. L’occasion est trouvée : dans sa séance du 4 juillet 1793, la Convention nationale, « sur l’observation d’un membre, qu’il existe encore dans Paris des monumens où l’on voit des attributs de la royauté ou des inscriptions en l’honneur des rois, ou des allégories fastueuses prodiguées à Louis XIV, entre autres sur les portes Saint-Denis et Saint-Martin, » décrète leur destruction, qui sera confiée à dix commissaires, dont « six artistes nommés par la Société des Arts tenant ses séances au Louvre. » De quelle Société s’agit-il ? Ce n’est pas en tout cas de l’Académie de peinture, et pas un instant il n’est venu à l’esprit des conventionnels de réserver une place aux académiciens dans cette commission qui va jouer un rôle plus important qu’on ne serait tenté de le croire. Le décret ne parle pas de la Commune des Arts, mais c’est à celle-ci que David et Sergent pensaient à coup sûr quand ils l’ont provoqué. C’est à la Commune des Arts que le ministre de l’Intérieur Garat s’adresse pour lui demander de désigner les six membres, — sur dix — prévus par l’article 2 du décret du 4 juillet. Autant valait décréter sur l’heure la suppression de l’Académie de peinture. La Commune des Arts, au contraire, prend, dès ce moment, cette physionomie officielle vers quoi tendaient tous ses efforts depuis 1790. Elle y a mis deux ans et neuf mois, mais quel triomphe !

La première séance de la Commune générale des Arts, — car elle élargit tout de suite son titre, — convoquée par le ministre de l’Intérieur Garat, fut tenue le 18 juillet 1793. On devait nommer les six commissaires chargés de préparer la destruction de tous les attributs de la royauté. C’est Ansselin qui ouvrit la séance, en sa qualité de président de la Commune « avant la convocation générale. » Mais Ansselin céda bientôt la place au doyen d’âge, qui était Vien, alors âgé de soixante-dix-sept ans, assisté des deux artistes les plus jeunes : Pajou fils (27 ans) et Isabey (26 ans).

Le procès-verbal nous apprend que la lettre de Garat invitait les artistes à « la plus parfaite impartialité dans leurs délibérations, qui ne devaient tendre qu’au plus grand avantage des